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L’Immigration de Gérard A. Jaeger. Faut-il avoir peur de l’avenir ?

L’immigration est un sujet brûlant, pour ne pas dire explosif, qui suscite et qui a toujours suscité passion et polémiques. Avec l’arrivée massive, sauvage et récente de migrants venant de Syrie, les fantasmes et les inquiétudes sont à leur paroxysme et les fractures idéologiques se sont exacerbées ainsi que les tensions qui y sont inhérentes.

L’opinion des pays d’accueil est de plus en plus réticente face à la pression des migrants. Les récents débordements de Cologne lors du réveillon de la Saint Sylvestre avec le nombre incroyable d’agressions sexuelles qui ont été perpétrées cette nuit là ont beaucoup choqué les Européens et provoqué chez eux une colère et une indignation bien légitimes. Comment, en effet, concevoir que des réfugiés politiques recueillis par altruisme, empathie et commisération aient l’outrecuidance de s’enivrer et de violer des jeunes femmes innocentes et sans défense sous les yeux parfois même de leurs compagnons et de policiers impuissants et médusés. L’inquiétude est grande et beaucoup se demandent ce que nous réserve l’avenir ?
Philosophe et historien suisse, spécialiste des grands bouleversements des sociétés, Gérard Jaeger est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages de référence portant sur les rapports entre réalités des faits et rumeurs. «Je me suis engagé dans la question migratoire en raison des interrogations qui ne me laissaient pas en repos. Pour que ma réflexion ne soit pas l’otage d’une pensée dominante et de ses facilités intellectuelles, il ne fallait pas que je cède aux instincts qui obscurcissent la raison. J’ai donc longuement et sincèrement entendu toutes les parties, compris leurs doutes et leurs craintes, mais aussi leur foi dans l’avenir d’une mondialisation sociale globale. Toutes ces contradictions, ayant été mises en balance, je m’autorise à rendre publique cette évidence, qu’il faut repenser l’immigration dans ses fondamentaux.»
Dans un essai très structuré, dans lequel, au passage, l’auteur détruit le mythe d’une France, terre d’accueil et s’interroge sur l’identité nationale, Gérard A. Jaeger relate l’histoire de la souveraineté et de l’identité des différents flux migratoires jusqu’à présent intégrés ainsi que la naissance de la légende noire d’une l’immigration subversive due à la fragilisation des populations autochtones qui risque de faire de l’immigré un bouc-émissaire. L’auteur s’interroge sur les objectifs des pays d’accueil : besoin rapide de main d’œuvre, besoin démographique pour compenser la dénatalité, politique en vue d’un calendrier électoral, humanitaire, enfin quand la situation internationale l’exige. L’auteur constate que l’Occident se retrouve dans l’’impossibilité d’assimiler les flux migratoires et ne se sent plus capable d’opérer un changement de société en raison de ses faiblesses structurelles et morales. Il s’agit dorénavant, selon l’auteur, de gérer l’avenir à long terme en résolvant rapidement la question primordiale et prioritaire de la sécurité nationale et individuelle, c’est à dire de la lutte contre tout les extrémismes, notamment religieux. Si cet objectif est atteint estime, l’auteur, le terrain sera libéré de cette gangrène que sont les amalgames. L’auteur reconnaît aussi la nécessité de trouver de nouvelles grilles de lecture, d’abolir toute fausse certitude et tout dogmatisme, afin de vivre en bonne intelligence avec ces populations déshéritées, affamées venues en occident, poussées par cette attirance indéfectible et irrésistible de l’Eldorado que représente le Nord pour le Sud. Or, il s’avère souvent que l’Eldorado n’est pas à la hauteur des espérances de l’immigré déçu par la triste réalité et la vie chaotique qu’il doit mener et qui se voit entraîné dans la spirale des compromissions avec la loi et avec lui-même. Bref, en se plaçant avec empathie successivement, soit dans l’esprit des immigrants, victimes des passeurs clandestins qui se gavent sur leur dos, soit dans dans l’esprit des habitants des pays qui se considèrent parfois comme envahis, l’auteur a le mérite de poser un certain nombre de questions même si personne ne peut aujourd’hui apporter de réponses tangibles, pragmatiques et définitives, vu l’exacerbation du problème qui prend de plus en plus d’ampleur et qui se dramatise. car beaucoup d’immigrés sont vus comme des criminels en puissance, voire des terroristes par l’opinion publique que l’on comprend eu égard aux tragiques événements qui ont récemment ensanglanté notre pays.

L’Immigration de Gérard A Jaeger. Editions Eyrolles

Catherine Merveilleux

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