Le Jour et La Nuit
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En Mai, fais ce qu’il te plaît

Après Joyeux Noël, Christian Carion sort un nouveau film tout aussi remarquable que le précédent intitulé «En Mai, fais ce qu’il te plaît ». Nous l’avons rencontré lors d’un déjeuner presse à Paris, à l’issue de la projection presse, en compagnie d’Olivier Gourmet, d’Alice Isaaz, de Laurent Gerra et du producteur Christophe Rossignon.

Le synopsis est le suivant : Le 10 Mai 1940, l’armée allemande envahit la Belgique, puis la France en passant par les Ardennes. Effrayés par la progression de l’ennemi, les habitants d’un petit village du Pas-de-Calais décident sur les recommandations de la Préfecture, de tout abandonner pour partir sur les routes et de fuir pour rejoindre la Côte. Ils entament ainsi leur exode.
Parmi eux, il y a Paul, le maire du village qui veille à maintenir un minimum d’ordre et d’esprit républicain dans ce chaos. iI y a aussi Mado, sa femme, qui essaye, quant à elle, de maintenir un lien social  et convivial entre les habitants du village et Suzanne, la jeune institutrice qui protège de son mieux les enfants du village auxquels s’est rajouté un petit garçon allemand, Max, dont le père Hans a été arrêté, parce qu’Allemand. Hans réussit à s’échapper en compagnie d’un officier écossais, Percy, lorsque, lors de l’attaque d’Arras, les pensionnaires de la prison sont libérés.
Christian Carion confie que l’idée de son film lui a été inspirée par sa maman, qui lui racontait ses souvenirs personnels de l’exode et que le personnage du maire Paul ressemble par quelques traits de caractère à son propre grand-père qui possédait lui-même un cheval du nom d’Hitler.
Par hasard, le film sort au moment même où des millions de réfugiés syriens fuient leur pays pour sauver leur vie. Christian Carion n’avait évidemment pas imaginé, il y a trois ans cette troublante coïncidence, mais interrogé à ce sujet, il reconnaît être troublé par le désespoir de ces êtres humains à la recherche d’un lieu de paix pour vivre et élever leurs enfants.
L’un des autres thèmes forts du film est l’histoire de Hans, Allemand, mais opposant au régime. Communiste et farouchement opposé au  Nazisme, il fuit son propre pays, mais se fait arrêter par la police française parce qu’il est Allemand. L’histoire oublie parfois ces opposants au Nazisme qui furent incarcérés comme au Camp des Milles à côté d’Aix-en-Provence où ils furent rejoints par des homosexuels, des Tziganes et des Juifs. Pétain ayant donné les clefs de ce camp de rétention à la fin de la guerre aux Nazis, ils furent pour la plupart exterminés car considérés comme traîtres à la Nation Allemande.
Christian Carion, qui a particulièrement soigné le personnage du cinéaste qui réalise des films de propagande pour les Nazis, rappelle que les pays totalitaires dans leur ensemble ont toujours  favorisé le développement d’un cinéma de propagande. La scène entre l’officier écossais Percy et le cinéaste allemand est d’une rare violence et fait symboliquement exploser le cinéma de propagande.
Le casting est parfaitement réussi et Olivier Gourmet que l’on vient de voir dans l’Odeur de la Mandarine incarne remarquablement bien Paul, le maire radical représentant d’une France rurale de propriétaires républicains respectueux de l’ordre. Suzanne, l’institutrice du village interprétée par Alice Isaaz est un très beau personnage, qui porte elle aussi sur ses épaules les valeurs de la République. Le passage où elle empêche les enfants de voir les horreurs de la guerre est particulièrement beau et émouvant. La jeune Alice Isaac que l’on a pu admirer dans la Crème de la crème, les Yeux jaunes des crocodiles, Fiston, Un Moment d’égarement et bientôt Rosalie Blum et Elle est l’une des valeurs montantes féminines du cinéma français. Quant à Mathilde Seignier, elle incarne Mado, femme de Paul et bistrotière haute en couleur qui entretient le moral des troupes et gère de manière pragmatique le quotidien. Quant au personnage de Percy, confie Christian Carion, il a été imaginé en mémoire de son père admirateur de Churchill et grand Anglophile.
Le film Joyeux Noël racontait l’histoire de soldats, qui pendant la Première Guerre Mondiale déclarait une trêve d’une nuit pendant la Nuit de Noël. L’Allemand, l’Ecossais et le Français, l’espace d’une nuit oubliaient les préjugés et la guerre pour retrouver la fraternité la paix et se souhaiter «Joyeux Noël»,«Merry Christmas» et «Frohe Weihnachten ».
Le film « En Mai, fais ce qu’il te plaît », tout en étant très différent se passe pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Il aborde lui aussi le thème de la fraternité et de l’amitié entre les peuples. Hans bien qu’Allemand n’est pas d’accord avec le régime de son pays. Il sympathise avec Percy, l’Ecossais et les Habitants du petit village du Pas-de-Calais. Lors des dernières scènes, le petit garçon, Max couché entre Suzanne, l’institutrice et Hans symbolise comme un trait d’union entre la France et l’Allemagne. Un symbole d’espoir et de Paix.
Un film bien écrit, émouvant dépeint admirablement bien le sort des enfants, premières victimes de la folie des hommes car ils n’échappent ni aux bombardements, ni à la malnutrition. Max, le petit garçon est une figure emblématique de ces 90 000 enfants qui selon la Croix Rouge internationale ont été perdus sur la route de l’Exode. La musique  qui est sublime est d’ Ennio Morricone.

Sortie sur nos écrans le 4 novembre

Catherine Merveilleux

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