Le Jour et La Nuit
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Rock’N Roll, une comédie pleine d’autodérision de Guillaume Canet avec Marion Cotillard

 

C’est au cinéma Cézanne d’ Aix-en Provence que vient d’avoir lieu l’avant-première du film Rock’N Roll dont Guillaume Canet est le réalisateur. Nous l’avons rencontré en compagnie de Marion Cotillard et du co-scénariste Rodolphe Lauga à l’hôtel du Pigonnet. Pour ma part, j’ai adoré. C’est un film plein d’humour et d’autodérision.

 

 

Guillaume Canet confie qu’en fait, l’idée du scénario lui est venue, lors d’une interview avec une journaliste qui parlait de lui en des termes qui ne lui correspondaient pas du tout. Dans le film, c’est une jeune comédienne de 20 ans qui lui déclare ex abrupto qu’il n’est pas très Rock ’N Roll, qu’il ne l’a d’ailleurs jamais vraiment été et surtout qu’il a brutalement chuté dans la liste des acteurs avec qui les filles aimeraient bien nicker.  En un mot, qu’il est complètement ringard. Dans le film Guillaume Canet, qui joue son propre rôle comprend qu’il y a urgence à tout changer car sa vie « pantouflarde » avec Marion Cotillard, le fait qu’il ait un enfant, ses chevaux, sa maison de campagne lui donnent une image loin d’être sexy et excitante. Il va  alors aller loin, très loin sous le regard consterné de ses amis et de Marion Cotillard, impuissants à lui faire entendre raison. «  Dans la vie, heureusement que j’étais loin de subir la crise de la quarantaine, s’amuse Guillaume Canet, autrement les remarques de cette journaliste qui me parlaient des acteurs de la nouvelle génération et qui me renvoyaient une image de moi-même complètement ringarde et complètement en inadéquation avec la réalité m’auraient complètement déstabilisé, pour ne pas dire cassé. Cette interview et tous les articles fantaisistes qui parlent de Marion Cotillard et de moi, en falsifiant la vérité et en fantasmant m’ont donné envie de faire une distorsion de la réalité et de d’écrire ce scénario. Pratiquer l’auto-dérision est jouissif. Cela a été un plaisir intense. Nous nous sommes beaucoup amusés. C’est aussi une comédie, qui a du fond car le film aborde le problème du Jeunisme. Les diktats du jeunisme absolu, excessif dominent notre société. Les hommes comme les femmes ne supportent plus d’avoir des rides, de vieillir et se font injecter du Botox. J’avais aussi envie de parler de l’image que nous renvoyons Marion et moi. J’avais envie de dire. « Vous voulez connaître ma vie intime, voir mon intérieur. Eh bien, je vais vous le montrer. Je vais tout vous montrer : ma mère, moi au lit avec Marion. » Je voulais m’amuser avec notre image et notre notoriété, faire mine d’ouvrir notre porte et quitte à lire ou à entendre des choses hallucinantes à notre sujet, en inventer. Moi et les co-scénaristes, Philippe Lefebvre et Rodolphe Lauga, nous nous sommes vraiment lâchés. Marion a accepté de jouer le jeu. L’accent québécois que Marion travaille est une petite vengeance. Marion est ,en effet, quelqu’un qui s’immerge complètement dans le personnage qu’elle incarne. C’est une grosse bosseuse. A l’époque de l’écriture du scénario, elle travaillait le film de Xavier Dolan et cela m’a amusé d’imaginer qu’elle devait travailler cet accent. »
Un grand coup de chapeau à Marion Cotillard, véritable star, égérie de Dior qui a accepté un rôle plein d’humour et d’autodérision, qui désacralise son image. « Mon image,  beaucoup se sont chargés de l’abîmer, constate l’inoubliable interprète de « La Môme » qui en a fait une star aux Etats-Unis. L’image que les médias renvoient de moi est loin de ce que je suis. J’en suis souvent effrayée, mais je n’ai jamais répondu. Jouer dans le film de Guillaume, en distordant la réalité avec ce niveau d’autodérision s’est révélé pour moi assez jouissif. » Un grand coup de chapeau aussi à Johnny Halliday, le roi du Rock ’N Roll qui joue son propre rôle et qui lui aussi avec beaucoup d’humour et d’autodérision accepter de « casser » son image de Rocker pur et dur.


Guillaume Canet dont on avait adoré « Les Petits mouchoirs »  persiste et signe dans l’excellence, avec cette fois, un film complètement déjanté, plein d’humour, d’esprit critique et d’auto-dérision qui aborde les problèmes de société du Jeunisme et de l’Image.
Sortie sur nos écrans le 15 février


Catherine Merveilleux

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