« Contrairement à Antoine, le héros du film, ma découverte de la paternité était positive. Je me suis tout de suite senti investi de mon rôle de père. J’avais la fibre paternelle et j’étais heureux de jouer mon rôle de nouveau père. J’étais un jeune papa surinvesti, qui s’occupait de son enfant pendant que sa femme travaillait, et qui emmenait sa fille tous les matins à la crèche. Or il s’est vite avéré que j’étais le seul homme à le faire. Un ami médecin et écrivain m’a alors parlé d’une étude parue dans la revue médicale d’Harvard, disant que les pères se féminisaient à la naissance de leur premier enfant et qu’ils produisaient moins de testostérone et plus de phéronomes. Un matin , en revenant de la crèche, j’ai entendu une interview de Xavier de Moulins qui parlait de son roman « Un coup à prendre» à la radio. Mon envie de faire le film est surtout née d’une phrase qu’il a prononcée au cours de l’émission : « En fait, c’est l’histoire d’un mec castré et infantilisé, qui est incapable d’être père à l’intérieur du noyau familial et qui a besoin de quitter sa femme pour faire la rencontre de ses enfants.» J’ai alors appelé ma productrice, qui elle aussi a été séduite par le sujet. Comme le héros, à l’époque j’étais un peu frustré car je venais de renoncer à un projet de film. Antoine, ce n’est pas moi, mais nous nous ressemblons sur certains points. Sa fille dans le film est même ma propre fille. Il y a cependant des différences. Pour lui, la paternité est un renoncement à ses aspirations. C’est un sacrifice, une castration. Il rêve d’être musicien, de faire de la batterie et il est frustré de ne pas pouvoir se réaliser et s’épanouir professionnellement, alors que son épouse incarnée par Audrey Lamy fait bouillir la marmite et réussit brillamment dans sa carrière de magistrate. Il se sent alors infantilisé. Il n’arrive finalement à se réaliser en tant que père et en tant qu’homme, qu’en produisant un album avec une jeune chanteuse prometteuse et qu’en quittant le foyer conjugal. Là seulement, il sera capable d’assumer son rôle de père et d’y trouver du plaisir.
Une jolie comédie toute en nostalgie et en tendresse. Des dialogues fins et pleins d’humour. Un casting très réussi avec Aure Atika, Manu Payet, Audrey Lamy, Jaïa Caltagirone et pour la première fois à l’écran Rafaèle Gelbat, la fille du réalisateur qui joue son rôle avec une justesse de ton stupéfiante. Elle est craquante.
Sortie sur nos écrans le 13 avril
Catherine Merveilleux
|