Le Jour et La Nuit
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Robert Guédigian à Royan pour l'avant première de son film, La Pie voleuse

 

La Pie voleuse. Interview de son réalisateur, Robert Guédiguinan

Maria, la soixantaine, aide des personnes plus âgées qu’elle. Elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à ces personnes âgées qui l’adorent et dont elle s’occupe avec sollicitude et dévouement … jusqu’à ce qu’une plainte pour abus de faiblesse vienne tout bouleverser…

Ariane Ascaride dans La Pie voleuse

 

Catherine Merveilleux : Maria vole quelques sous pour arrondir ses fins de mois. Tout dérape lorsqu’elle décide de faire donner des cours de piano à son petit-fils et de se faire plaisir en mangeant des huîtres. Qu’est ce qui est essentiel ? Qu’est ce qui est superflu ?

 

Robert Guédiguian : Maria est une voleuse qui tire le diable par la queue, mise à la porte par son ancienne usine, elle vole quelques sous pour survivre… Elle est cependant la seule à apporter un peu d’humanité à ces vieilles personnes délaissées et abandonnées. Est-ce un délit ? Tout se passe cependant bien jusqu’à ce que le fils de la personne âgée interprétée par Jean-Pierre Darroussin découvre le pot aux roses et se décide de porter plainte. Elle a, en effet osé louer un piano pour son petit-fils et s’est arrogé le droit d’acheter quelques huîtres pour se faire plaisir. Qu’est-ce qui est essentiel? Qu’est ce qui est superflu ? J’ai participé autrefois à des réunions pour définir ce qui était vital, nécessaire et ce qui était superflu afin de fixer le montant du SMIC. Aller au cinéma, manger des huîtres, faire donner des cours de piano à son petit-fils faisaient partie de ce qui n’était pas essentiel, vital, nécessaire…

 

C.M. : Lorsque vous montrez Maria en train de voler pour louer un piano à son petit-fils et lui faire donner des cours de piano, quel est votre message ? Que la culture est élitiste? Que c’est une affaire de castes ?

 

R.G. : Il est certain que la culture a un coût et que toutes les couches sociales n’ont pas la même possibilité d’y accéder.

 

C.M. : Votre film comme tous vos autres films est tourné dans la Cité Phocéenne. Pourquoi ?

 

R.G. : Je suis né à Marseille, à l’Estaque, là où a été tourné le film. Ce quartier populaire où je suis né me sert de baromètre pour juger de l’évolution des couches sociales modestes. Ce quartier était un microcosme où vivaient les communistes, les syndicalistes, les ouvriers. Tous les 10 ans, je viens évaluer l’Estaque. C est un lieu fabuleux qui a séduit les Impressionnistes de Braque à Cézanne. Ses paysages, ses collines, sa luminosité attirent maintenant des cinéastes venus du monde entier. L’histoire du film se déroule à Marseille mais, en fait, c’est une histoire universelle. Le sujet est universel car si les salaires étaient décents les pauvres gens n’auraient pas besoin d’avoir recours à des pratiques peu honnêtes et peu orthodoxes.

 

Ariane Ascaride dans La Pie voleuse

 

C.M. : Votre casting réunit comme toujours tous vos fidèles. Pourquoi ?

 

R.G. : Mon casting réunit comme dans mes autres films: Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan car nous travaillons en confiance, en connivence. Nous nous comprenons à mi-mots. Nous n’avons pas besoin de répétitions. Cependant, je dois vous confier qu’ils me surprennent toujours. Il y a cependant un nouveau nom au générique. Il s’agit de Marilou Aussilloux, que l’on a déjà vue dans le film de Cédric Klapish En corps et dans Adieu les cons d’Albert Dupontel. Dans la Pie Voleuse elle interprète le rôle de la fille de Maria.

 

C.M. : Votre film est une chronique sur les gens défavorisés. «Les Pauvres gens» comme les appelle Victor Hugo dans un magnifique poème...

 

R.G. : Ce poème est magnifique. Je le citais déjà dans Les Neiges du Kilimandjaro. Pendant le tournage, lorsque Jean-Pierre Darrousin a déclamé ce poème, sur le plateau, nous avons tous été saisis d’émotion.

 

Mon avis : Un film qui interpelle sur la situation des gens qui travaillent et qui tirent néanmoins le diable par la queue. Un film, malgré la gravité du sujet, est traité de façon lumineuse, positive et pleine d'amour.

 

Musique de : Giochino Rossini La Pie voleuse interprétée par Michel Pétrossian

Réalisation : Robert Guédiguian

Casting : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan.

Sortie le : 29 janvier 2024

 

Catherine Merveilleux

 

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