Le Jour et La Nuit
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Natacha Polony et Franck Médioni participent à la Semaine de la Pop Philosophie

Pour sa XIV ème saison, la Semaine de la Pop Philosophie initiée à Marseille il y a 13 ans par Jacques Serrano, avait pour thématique « Philosophie, rires et chansons ».

Le concept de Pop Philosophie  fut créé dans les années 1970 par Gilles Deleuze. Le philosophe conçoit ce concept comme le branchement électrique entre la pensée telle qu’elle s’inscrit dans les livres et les idées qui circulent et qui sont dans l’air du temps.  Cette année, philosophes, sociologues, historiens, artistes, humoristes ou journalistes se sont donc interrogés sur la thématique «Philosophie, Rires et Chansons» avec parfois des extrapolations insolites et osées comme celle de l’essayiste Francis Métivier qui a établi un parallèle entre la Pensées de Pascal et le groupe Nirvana (!!!).

De nombreux intervenants se sont livrés à une réflexion approfondie sur la thématique de cette année. Personnellement, je me suis rendue  à la bibliothèque départementale Gaston Defferre  où j’ai assisté à deux tables rondes à la fois d’une réflexion approfondie et irrésistiblement drôles intitulées «L’Humour juif pour ne pas pleurer ?» et «Les Chansons que nous ne pourrions plus chanter.» et je me suis régalée.


Les Chansons que nous ne pourrions plus chanter.

 

Les intervenants de la table ronde étaient Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne,  Alain Léauthier, conseiller éditorial du journal Marianne et  Etienne Kippelen, compositeur et musicologue.

 

Etienne Kippelen, compositeur et musicologue.

 

Afin de tenir compte «des nouvelles sensibilités», explique Natacha Polony, il n’est plus possible d’écouter un grand nombre de chansons. La censure des groupes anti-colonialistes, néo-féministes est implacable. Il ne serait plus possible aujourd’hui d’écouter  certaines chansons comme La Petite Tonkinoise et Je voudrais être blanche de Joséphine Baker,  C’est mon homme d’Edith Piaf ou même Les Sucettes à l’anis d’Annie ou Lemon Incest de Serge Gainsbourg. Les néo-féministes ne tolèrent plus les chansons qui reflètent l’emprise ou la domination des hommes et les sensibilités ethniques s’insurgent devant tout ce qui pourrait passer pour du racialismme, du colonialisme, La censure est drastique et implacable. Mais qui décide ? Y a t-il un comité de censure ? Y aura -t-il un jour un répertoire de la chanson française en écriture inclusive ? A-t-on toujours la capacité de comprendre, de se plonger dans l’esprit de ceux qui ne sont pas nos semblables, de ceux qui sont différents. Aujourd’hui nous assistons à une hypertrophie de la subjectivité au détriment de l’universalisme et de l’Art. Or l’Art , c’est plonger dans l’altérité. L’Art ne doit pas être consensuel. Il doit être impertinent et non consensuel.  Or, le problème est qu’aujourd’hui la chanson est un business, une industrie de masse qui veut séduire le public le plus large. C’est d’ailleurs la même chose en ce qui concerne la littérature.


L’humour juif pour ne pas pleurer ?


La table ronde était animée par Franck Médioni, diplômé d’ethnologie, journaliste et auteur  du livre Le Goût de l’humour juif  et du livre  L’humour juif expliqué à ma mère.

 

Alain Léauthier et Franck Médioni.

 

Selon Franck Médioni, l’humour juif est consolateur. C’est un rire parfois amer mais toujours libérateur, une source de résilience après les horreurs de la Shoah. L’humour était présent dans les camps, explique t-il,  tout comme il était présent dans le shtetl  en Pologne. Cet humour cautérise les plaies. Les Juifs ont la particularité de rire sur leur destin tragique, ils rient dans les pleurs. Les histoires juives  ont recours à l’absurde, à la pensée paradoxale. De Groucho Marx à Pierre Dax, en passant par Tristan Bernard, René Goscinny, Woody Allen, Larry David, Frank Kafka, Billy Wilder, Wolinski, Patrick Timsit, Serge Gainsbourg, Romain Gary et Philippe Roth, l’humour est omniprésent et se caractérise par l’autodérision, l’absurde. Cet humour si particulier qui est une révolte de l’esprit pour ne pas pleurer.

 

Catherine Merveilleux

 

 

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