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Les Cendres d’Angela, le chef d’œuvre de Frank McCourt vient d’être réédité

Les Cendres d’Angela, l’inoubliable best seller de Frank McCourt, porté à l’écran par Alan Parker en 2000 est un livre remarquable et bouleversant. Il est le récit autobiographique de l’enfance misérable de l’auteur à Brooklyn et en Irlande.  A l’occasion des 20 ans de la parution des Cendres d’Angela, les éditions Belfond proposent une réédition de ce texte culte.

Né à Brooklyn de parents irlandais en 1930, Frank McCourt part pour l’Irlande à l’âge de quatre ans, après la mort tragique de sa petite sœur. A dix-neuf ans, il refait la traversée en sens inverse et s’installe à Manhattan. Après avoir exercé divers métiers, il entre à l’université et devient professeur. Au terme d’une longue carrière de professeur, il écrit très tardivement son premier livre, les Cendres d’Angela (Belfond 1997),  à l’âge de 67 ans. Son livre connaît un succès phénoménal et retentissant et reçoit le Prix Pulitzer avant d’être adapté au cinéma. Frank McCourt écrit ensuite C’est comment l’Amérique ( Belfond 2000) et Teacher Man ( Belfond 2006). Frank McCourt est décédé en 2009 à New York.

Déclenché par la mort de la petite sœur de Frank, le retour de la famille McCourt en Irlande la plonge dans la spirale du déclin. Si la crise frappe de plein fouet les Etats-Unis, la situation est encore plus grave en Irlande. Le petit garçon grandit dans la misère, dans des taudis sordides infestés de puces. La faim tenaille les membres de sa famille en permanence. Le froid et l’humidité ruinent leur santé déjà précaire et d’autres enfants  de la famille meurent comme beaucoup d’Irlandais foudroyés par la Phtisie. Le père de Frank est un ivrogne invétéré qui connaît une sévère addiction à l’alcool. Celle-ci l’empêche de garder le moindre emploi et le fait dilapider dans les bars l’argent qui aurait dû être consacré  à payer le loyer et la nourriture essentielle à sa famille pour subsister. Angéla, son épouse en est réduite à ramasser le charbon tombé des trains, à mendier et à écumer les bars à la recherche de son ivrogne de mari incapable de subvenir aux besoins de sa famille. Elle subit l’humiliation de devoir demander la charité aux associations caritatives, notamment à l’Eglise  catholique. Pour elle, c’est une descente aux enfers.
« Quand je revois mon enfance, le seul fait d'avoir survécu m'étonne. Ce fut, bien sûr, une enfance misérable : l'enfance heureuse vaut rarement qu'on s'y arrête. Pire que l'enfance misérable ordinaire est l'enfance misérable en Irlande. Et pire encore est l'enfance misérable en Irlande catholique. » écrit l’auteur bien des années plus tard. Son récit n’est cependant jamais larmoyant. Frank n’éprouve ni rancune, ni agressivité lorsqu’il pense à son père. Il ne le juge pas, il ne se plaint pas, il raconte la terrible jeunesse qui fut la sienne avec une franchise désarmante et un humour dévastateur d’où la tendresse n’est pas exclue. Sans jamais s’apitoyer sur lui-même, le petit Frank montre un courage hors du commun qui lui permet de survivre à des conditions terribles. Animé d’une volonté hors du commun, il s’efforce, pour suppléer aux carences paternelles de gagner l’argent qui permettra à sa famille non pas de vivre mais de survivre. Il travaille dur, exerce des activités pénibles qui ruinent sa santé et finit par réussir à économiser pièce par pièce la somme d’argent qui lui permettra de  retourner aux Etats-Unis.
Terrible critique de l’Irlande et de l’Eglise, mais magnifique hymne à lavie, ce livre est inoubliable. Il redonne foi en l’humain car malgré la terrible misère qui fut la sienne, la vie de Frank MacCourt fut d’une richesse inouïe. C’est un vibrant hommage à Angela, une mère courage sublime.

 

Catherine Merveilleux

 

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