Le Jour et La Nuit
Le Jour et La Nuit

Un Baiser qui palpite là, comme une petite bête, un roman de Gilles Paris

Le titre du dernier roman de Gilles Paris est inspiré du célèbre poème de Rimbaud, Roman écrit en 1870. En 1870, Rimbaud a 16 ans. C’est un adolescent fugueur en révolte contre l’ordre établi. Dans ce poème, Rimbaud exprime toute l’intensité des émois amoureux lors de l’adolescence. Il commence par cette phrase : On n’est pas sérieux lorsque l’on a dix-sept ans. Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête...On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête.

Les héros du dernier roman de Gilles Paris sont loin d’être sérieux. La sève qui coule en eux leur monte à la tête. Ils ont une curiosité insatiable, sont ivres d’expériences sexuelles, avides de sensations fortes. Ils font la fête, goûtent à tous les plaisirs, boivent parfois jusqu’au coma éthylique, fument de l’herbe, prennent de la coke, multiplient les rencontres et les expériences sexuelles. Ils dépassent leurs limites. C’est l’âge de tous les possibles. C’est pour eux comme une fureur de vivre. Leur vie n’est pourtant pas toujours idyllique. Certains ont tout pour être heureux, mais d’autres ont un père violent ou sont sont nés dans une famille qui a du mal à joindre les deux bouts.
Dans le lycée où se situe l’intrigue, Iris, une jeune adolescente se donne la mort après avoir été victime de cyberharcèlement. Dès le début du livre, le lecteur apprend qu’Iris, une jeune fille de terminale a été violée par son beau-père et qu’elle a cru que des relations avec de jeunes lycéens effaceraient jusqu’au souvenir de l’homme abject qui a abusé d’elle, qui l’a salie et qui a commis cet acte odieux. Son suicide cause un violent émoi chez les lycéens qui se sont s’acharnés sur elle et l’ont harcelée et insultée parce qu’elle était une fille facile. Ce suicide qui est un sujet tabou et dont depuis un an personne n’évoque le souvenir fait resurgir les failles et les blessures d’un groupe d’adolescents, qui prennent conscience en faisant leur introspection d’avoir mal agi. Tous évitent de parler de ce sujet qui fâche. Tous se sentent coupables car à un moment ou un autre tous l’ont connue et l’on conspuée, humiliée et harcelée après la mise en ligne sur les réseaux sociaux d’une vidéo la montrant en train de faire l’amour avec deux garçons lors d’un plan à trois. Tous d’une manière ou d’une autre ont participé au harcèlement d’Iris et causé son suicide, certains par jalousie, certains par envie, d’autres tout simplement pour faire comme les autres lycéens. L’auteur dépeint d’ailleurs très bien comment par simple panurgisme, certains suivent le mouvement par simple conformisme, sans raisons particulières.

 

C’est un roman choral où les différents protagonistes témoins et acteurs du harcèlement subi par Iris expriment leur vécu et révèlent leurs failles, leurs blessures ou leur incertitudes qu’ils cherchent parfois à oublier en se livrant à des expériences extrêmes. Certains ont des parents équilibrés, aimants, mais d’autres vivent dans des familles dysfonctionnelles ou problématiques. L’auteur n’utilise pas un langage châtié, mais fait parler les ados de son roman comme des ados d’aujourd’hui et c’est ce qui donne toute sa véracité au récit.  L’auteur nous montre des adolescents d’aujourd’hui, avec leurs pulsions sexuelles, leur mal-être. Il met en évidence leurs préoccupations, leur quête d’amour, leur besoin de plaire et parfois leur recherche d’identité comme Tom qui ne sait pas s’il est gay ou hétérosexuel.

 

Un roman qui nous dépeint un univers qui n’est pas celui des bisounours. Un livre pour les ados, mais aussi pour les parents car ce récit est un message d’alerte pour les parents. L’auteur leur fait comprendre à travers ce roman qu’à 17 ans, on n’est pas sérieux, qu’on est capable de tous les excès, mais aussi que l’on est fragile et vulnérable et que tout peut arriver. Un roman qui nous parle du harcèlement, un phénomène de société problématique en accroissement à cause des réseaux sociaux car aujourd’hui 700 000 élèves sont harcelés en France.  A lire !
    

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête.

Un roman de Gilles Paris
Editions Gallimard Jeunesse Giboulées     

                         

Catherine Merveilleux


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Le Charme discret des séries, un essai passionnant de Virginie Martin

 

Le Covid et les confinements successifs ont amplifié l’emprise chronophage des séries dans notre vie et sur notre inconscient. Cela a t-il des répercussions sur notre façon d’appréhender le monde ? Quel est l’impact des séries ? Virginie Martin s’est penchée sur ce phénomène et analyse avec pertinence ces questions dans son essai Le Charme discret des séries.

 

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Mourir d’aimer ou l’Affaire Gabrielle Russier

 

 

 

C’est aux éditions Gaussen que Jacques Layani, qui a publié des biographies, des poèmes et des essais dont quatre sur Léo Ferré, vient de publier un livre très émouvant sur l’histoire de Gabrielle Russier, ce professeur de lettres qui est morte d’avoir trop aimer. Le livre s’intitule La Dyane rouge. Vie et mort de Gabrielle Russier.

 

 

 

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Le dernier roman d’Alexandre Jardin, La Plus que vraie

 

 

Dans son précédent roman intitulé Française, Alexandre Jardin, l’un des auteurs les plus lus et les plus aimés en France, décidait de s’ancrer dans la réalité et ses turbulences et de révolutionner le roman social et populaire avec un roman façon Zola, surréaliste et poétique d’une violence inouïe. Allait-il continuer dans cette voie ?

 

 

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Tout ça pour ça.

Ils voulaient tout changer. Ils ont échoué

 

Le bilan Macron : un constat accablant et consternant.


Un essai passionnant sur l'histoire d'une promesse non tenue. Celle du renouvellement de la classe politique et de ses vieilles pratiques, à l'heure où la crise de la démocratie représentative est à son paroxysme.

 

 

 

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Les nouvelles menaces mondiales - La grande pandémie du déni

 

 

Dans son essai, Les nouvelles menaces mondiales - La grande pandémie du déni, Sébastien Boussois met en exergue le fait que la pandémie de Covid 19 fait vaciller et ébranle le mythe d’un Occident fort et intouchable.

 

 

 

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