Cet homme est connu et il a 37 ans de plus qu’elle lorsqu’il se présente dans sa loge du théâtre de la Ville pour la féliciter à l’issue d’une représentation théâtrale. Elle se sent alors selon ses propres mots comme irradiée par la foudre. Il s’agit indiscutablement d’un « love at the first sigh» comme le disent si bien les Anglo-saxons.
L’écrivain sent alors submergée par toutes les émotions éprouvées pendant cette relation amoureuse qui dura pendant toute une année. Cet homme est Mouloudji, ce
chanteur anarchiste et libre, réfractaire à tout système, uniquement guidé par ses émotions et ses sentiments, formé uniquement par la seule école de la vie et dont les chansons immortelles : le
Déserteur, Un P’tit coquelicot, La Complainte des infidèles, Un jour tu verras sont immortelles et font partie à tout jamais de notre Patrimoine culturel. Cet homme d’extraction modeste, issu du
prolétariat, d’une personnalité hors du commun, fils de Saïd venu de Kabylie, ne sachant ni lire, ni écrire, effectuant de petits boulots dans le bâtiment et d’Eugénie, une Bretonne internée en
hôpital psychiatrique connut avant leur rencontre toute l’intelligentsia de l’époque et eut pour pères spirituels Jean-Louis Barrault, Marcel Duhamel, Raymond Queneau, Jacques Prévert et Robert
Desnos. Il fit aussi partie du clan Sartre.
Enfant prodige, il fit du cinéma et du théâtre avec les plus Grands et il fut longtemps adulé par les adultes, décideurs dans le monde culturel de l'époque car tout le monde le considérait
comme un petit garçon irrésistible. Ce n’est qu’à 23 ans qu’il se lança dans la chanson.
Lorsque Nathalie Rheims tombe amoureuse de cet homme au charme et au charisme indéniable, il a déjà toute une vie derrière lui, tout un passé, bien des failles et bien des blessures. Son caractère
est déjà bien forgé et n’est plus en devenir. Il éprouve notamment une véritable fascination pour les femmes et une obsession pour la mort et les cimetières. Marqué à tout jamais par l’internement
psychiatrique de sa mère, alors qu’il n’était qu’un petit garçon, il en éprouva, à l’époque, un soulagement tant était grande sa violence et, plus tard, rétrospectivement un sentiment de
culpabilité.
Il ne fait aucune promesse à Nathalie qu’il surnomme Ma gamine, ne change rien à sa vie et à ses habitudes et souhaite seulement ne pas la faire souffrir. Prisonnière de sa passion indéfectible, la
jeune fille se tient à sa disposition lorsqu’il souhaite la voir.
Le livre est un patchwork des émotions éprouvées par Nathalie, jeune fille, pendant cette histoire amoureuse et des pans de la vie de Mouloudji, des extraits de ses livres, de ses plus beaux textes et de ses plus belles chansons. Ce texte n’est pas un récit linéaire, ni un récit biographique, mais bien un roman, puisque l’approche littéraire de Nathalie Rheims est à la fois subjective et impressionniste, et que jamais le nom de l’homme dont elle tomba raide dingue n’est écrit. Aucune ambiguïté cependant n’existe. Le doute n’est pas permis puisque toute la biographie de Mouloudji correspond au texte de Nathalie Rheims et que la photo de couverture du livre est bien celle de Mouloudji.
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