Le chef d’état major de l’armée de terre, le général Pierre Schilling

Le contexte actuel impose de se mettre en mouvement car la période de trois décennies de paix en Europe, post Guerre Froide, est révolue vient d’annoncer le général d’armée, Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), qui vient dans le cadre d’une tournée nationale de se rendre à Marseille pour rencontrer les autorités militaires de la zone Terre sud afin de leur présenter sa vision stratégique pour une Armée de Terre de combat.

La guerre est revenue en Europe. Le tabou de la violence armée inter étatique est tombé, mettant un terme à la période de paix, qui a façonné nos engagements militaires. La conjoncture a changé. Le conflit en Ukraine est l’une des causes et la manifestation de cette rupture stratégique, qui suscite une gestion de crise importante. Désormais la situation a changé en Europe mais aussi au niveau mondial, a expliqué le général d’armée Pierre Schill.

Eu égard aux conflits et menaces qui pèsent sur notre pays aujourd’hui, le Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre a présenté la nouvelle vision du rôle de l’Armée de Terre qui est la sienne et a informé, lors de sa venue à Marseille, les autorités militaires des Zones Terre Sud et Sud-Est, de la 3° division, du commandement de la légion étrangère, de la 6° brigade légère blindée, des nouveaux enjeux et des profondes métamorphoses qu’aurait à subir l’Armée de Terre afin d’être en phase avec la nouvelle conjoncture et en adéquation avec la situation géostratégique européenne et internationale. Pierre Schill a abordé, lors de cette rencontre, les modalités, les enjeux et les impacts de cette transformation d’envergure.

Le bouleversement des forces en puissances induit la nécessité de booster l’Armée de Terre et de lui donner les moyens d’une montée en puissance de combat. L’ordre mondial, qui était celui de l’après seconde guerre mondiale a explosé avec la Guerre en Ukraine, la reprise du Haut-Karabakh, le fait que l’armée française quitte ses bases en Afrique, notamment au Niger le 31 décembre 2023, les récents évènement en Israël et à Gaza et la montée en puissance de la Chine.

Nous vivons un tournant dont nous percevons l’ampleur mais dont il n’est pas possible aujourd’hui de distinguer clairement le point de sortie. Le retour de la compétition entre les puissances qui se manifeste dans tous les champs, combinée à la contestation des valeurs «occidentales» et aux risques persistants de la faiblesse, impose d’évoluer dans un environnement stratégique principalement caractérisé par l’hybridité et la complexité.

La nouvelle loi de programmation militaire prévoit un budget de 413 milliards d’euros sur 7 ans pour la période 2024-2030 qui permettra un outil de défense à la hauteur des ambitions de la France. Cette augmentation permettra à la France de monter en gamme et de poursuivre sa modernisation sur le plan matériel avec des outils performants comme les Scorpios, les Jaguars etc…

L’Armée de Terre a besoin d’être performante sur plusieurs fronts : en France pour les Futurs J.O, comme elle l’a été très récemment, lors de la coupe du monde de Rugby ou lors d’opérations dans le cadre des opérations Hephaïstos ou à l’extérieur, lors d’interventions hors de ses frontières. Comme l’a déclaré le général, «L’armée de Terre se doit de défendre la France «à la maison» et au large.» car elle défend aussi ses ressortissants à l’Etranger.

Le général Pierre Schill a aussi annoncé une réforme dans le fonctionnement et la responsabilisation qui favoriserait l’esprit d’initiative des chefs de contact pour plus d’efficacité. Le contexte stratégique est fait d’instabilité et d’incertitude, il convient donc de développer l’adaptabilité, la polyvalence, les forces morales et la réactivité.

L’Armée de Terre agit de manière permanente et simultanée dans trois espaces stratégiques.

Ses missions sont les suivantes:
• protection et résilience en métropole et outre-mer • prévention et influence en Afrique, au Moyen-Orient, dans l’océan Indien et jusque dans le Pacifique
• solidarité stratégique en Europe et au Moyen-Orient

La force morale est importante et induit le culte de la mission, l’esprit guerrier et le souci permanent du facteur humain. En ce qui concerne la réactivité, l’objectif de réactivité est à l’horizon 2027 de déployer en 30 jours une division à deux brigades recevables. L’esprit d’initiative est lui aussi à encourager, a explique le chef d’Etat Major des Armées. La modernisation des facteurs de puissance sera aussi privilégiée dans cette nouvelle loi de programmation pour 2024-2030 avec un effort immédiat, sur de nouvelles capacités émergentes (drones armés, défense sol-air, feux dans la profondeur, cyber, influence et champs immatériels) et un rééquilibrage cohérent des fonctions opérationnelles au profit des capacités de commandement, d’intégration des effets, d’appui et de soutien. Dès 2023, l’autonomie des brigades sera renforcée pour agir plus rapidement.

Les ressources humaines seront désormais, selon le général Schill une priorité, notamment en terme de recrutement. Le slogan sur les affiches pour s’engager dans l’armée est actuellement : Fais de ton métier une aventure.

«L’Armée de terre au Sahel doit être capable de mener des combats rustiques par 45°, 50°, de se fondre dans le désert, de lutter contre le terrorisme et la barbarie, mais aussi être compétente en haute technologie et en cybertechnologie. Elle doit être polyvalente. Nos hommes doivent être capables d’avoir l’esprit guerrier mais aussi être de vrais Geeks. Ils doivent aussi être des influenceurs, être capables de mener une guerre des images car désormais il existe une la guerre psychologique, qui consiste à déstabiliser l’adversaire par des vidéos, des photos, des fakenews, a-t-il ajouté.

Catherine Merveilleux

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