Yagor, David Pluskwa et Wilson Mété

En ce début d’année, la galerie Pluskwa Art Contemporain met en lumière une exposition intitulée Gamme de Gbré  consacrée  à une vingtaine d’œuvres de 2 artistes ivoiriens: Igor Yayo dit Yagor et Wilson Mété.

David Pluskwa toujours à la recherche de personnalités nouvelles inspirantes et inspirées qui interpellent a donné carte blanche à ces deux artistes qui nous entraînent hors des sentiers battus en opérant une certaines introspection qui leur permet  de se pencher sur leurs racines et de s’interroger sur les perspectives de la jeunesse africaine écartelée entre l’Afrique et l’Occident. Les deux artistes nous  plongent grâce à leur art dans les méandres et les profondeurs des réminiscences de leur enfance en Côte d’Ivoire et s’interrogent sur les problématiques que rencontre cette jeunesse déracinée, désemparée mais dynamique qui cherche désespérément une solution à la précarité qui est la leur.

L’œuvre de Igor Yao dit Yagor et de Wilson Mété nous parle de ces êtres anonymes, de ces invisibles qui luttent pour vivre ou plus précisément pour survivre.

Wilson Mété explique que l’objectif de son travail est essentiellement de mettre en lumière ceux qui vivent dans l’ombre, de ceux qui se cachent et qui ne survivent qu’en récupérant ce que le reste de la société jette. Sur sa toile, l’artiste rassemble les souvenirs épars de son enfance baignée par la lumière africaine. Entre le dessin et la peinture, le tissu et le collage, ses toiles ont une réelle densité: celle de la mémoire et de ses multiples dédales, mais aussi celle de l’espoir et de l’avenir. L’artiste fige et pérennise sur la toile ce qui pourrait sombrer dans l’oubli et l’indifférence

Yagor, Einstein et Lucky

Yagor, quant à lui, dénonce la profusion, la saturation, le saccage  et le gaspillage des produits de  notre  société de consommation et la récupération qu’en font ces anonymes qui n’ont rien. Igor Yao fait fusionner les styles: art brut, réalisme et art abstrait. L’artiste transforme alors par la magie qui est la sienne les émotions en œuvre d’art et nous alerte sur l’urgence. Ses peintures nous révèlent des visages habités qui nous regardent et nous interpellent.

Dans cette exposition, les deux artistes métamorphosent et subliment la banalité en art. Ils font vibrer l’humain qui est en chacun de nous. L’exposition Gamme de Gbré nous interpelle sur la fragilité de notre condition humaine et sur la détresse abyssale de certains êtres anonymes, oubliés, invisibles aux yeux de la société.

Encore une fois, David Pluskwa, détecteur de talents et de pépites, a su repérer et aider à murir deux artistes qu’il intègre à sa Team et qu’il fait découvrir aux amateurs d’art.

Catherine Merveilleux

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