Alphonse Mucha à l’Hôtel de Caumont

L’Hôtel de Caumont-Centre d’Art d’Aix-en-Provence, en collaboration avec la Fondation Mucha, consacre une exposition à l’artiste Alphonse Mucha. Le vernissage vient d’avoir lieu à Aix-en-Provence en présence de Tomoko Sato, conservatrice et de Marcus Mucha, arrière-petit-fils de l’artiste et directeur exécutif de la Fondation Mucha.

Alphonse Mucha est né en 1860 en Moldavie du Sud, alors sous domination autrichienne.

Après des études à l’Académie des Beaux-Arts de Munich en 1885, à l’automne 1887, il s’installe à Paris pour étudier à l’Académie Julian puis à l’Académie Colarossi, l’année suivante. En 1889, il commence à travailler comme illustrateur pour des revues, des livres ou des journaux pour subvenir à ses besoins dans le Paris de la Belle Epoque. En 1891, il fait la connaissance de Paul Gauguin avec qui, il entretiendra une amitié sincère et avec qui, tous les deux sans le sou, il vivra en coloc’ à Paris.

Mucha et Sarah Bernhardt

Fin décembre 1894, Alphonse Mucha conçoit sa première affiche pour Sarah Bernhardt, Gismonda qui lui commandera ultérieurement les affiches de ses spectacles suivants. Cette rencontre providentielle le fera connaître du Tout Paris. Marcus Mucha, son arrière petit-fils raconte : «Sarah Bernhardt, qui était une des actrices les plus célèbres au monde, comparable à Nicole Kidman ou Angelina Jolie aujourd’hui, jouait dans une nouvelle pièce, Gismonda, qui ne marchait pas très bien au box-office. Estimant que cela était dû à la publicité, elle a demandé à son imprimeur de commander une nouvelle affiche pour la pièce. Mais comme c’était juste un peu avant Noël, la plupart des artistes auxquels il aurait pu s’adresser étaient absents pour les fêtes. N’ayant pas d’autre choix, il a été contraint de s’adresser à un artiste tchèque peu connu, Alphonse Mucha, qui se trouvait en ville et travaillait. L’artiste a imaginé une lithographie que l’imprimeur a trouvée horrible Cependant, n’ayant rien d’autre à proposer à la comédienne, l’imprimeur l’a envoyée à Sarah Bernhardt qui la trouvée géniale. Par la suite, elle lui déclara: « Monsieur Mucha, vous m’avez rendue immortelle. » L’affiche eut un tel impact que Sarah Bernhardt a signa un contrat de six ans avec Mucha pour concevoir ses affiches, ses décors et ses costumes. Il devint, en quelque sorte son directeur artistique et Alphonse connut alors un succès qui dépassait de loin tout ce dont il avait osé rêver lorsqu’il s’est engagé sur la voie de l’art.»

Le style Mucha et Mucha publicitaire

On peut dire que Mucha créa vraiment un style graphique qui servit pour les affiches publicitaires des productions théâtrales de Sarah Bernhardt puis par la suite de produits commerciaux : le style Mucha. Ses affiches témoignent d’un retour à la nature. Elles se caractérisent par le fait qu'au lieu des encres chimiques vives que ses contemporains utilisaient, avec des rouges et des bleus éclatants, les affiches de Mucha utilisaient une palette de couleurs plus pastel. Mucha fit ainsi entrer l’Art dans la vie de tous les jours car il croyait avec beaucoup de conviction que l’Art n’est pas réservé à une élite. Les innovations technologiques dans le domaine de la lithographie permirent à ses œuvres d’être partagées et diffusées dans le monde entier. Son style est reconnaissable entre tous. La puissance de la ligne souligne la sensualité des corps féminins et de leurs drapés voluptueux et les chevelures s’affranchissent de leurs porteuses en se transformant en arabesques. Ses affiches et ses panneaux décoratifs, marqués d’une identité slave et de références byzantines, allient réalisme et stylisation. Ses affiches font vendre car le boom industriel s’accompagne du développement de la lithographie sur affiches. Mucha adapte même ses créations à des objets en volume, tels que la parfumerie, les boîtes à biscuits, la sculpture et même les bijoux.

Mucha peintre engagé

Cette exposition met aussi en exergue l’engagement que Mucha a eu tout au long de sa vie pour la reconnaissance de la culture et de l’histoire slave. Né à l’apogée de la Renaissance tchèque, Mucha a toujours cru de tout son coeur et avec passion à une nation Tchèque indépendante. Il prônait aussi la solidarité slave pour obtenir la liberté politique face à la domination des Habsbourg. Il grandit en ayant conscience d’appartenir à une minorité opprimée et participa activement à la lutte pour la Renaissance tchèque. Malheureusement, son rêve pour son pays prit fin au cours de la dernière année de sa vie, lorsque Hitler marcha sur Prague en 1939. Il fut l’une des dix premières personnes à être interrogée par la Gestapo. Chant de Bohème est le tableau le plus représentatif du rêve qu’entretenait Mucha à propos de l’indépendance de la Tchécoslovaquie. Le tableau représente trois jeunes filles en costume national au sommet d’une colline surplombant une vaste étendue de la campagne de Bohême.

L’exposition aura lieu du 17 novembre au 24 mars 2024

Hôtel de Caumont-Centre d’Art,

3 rue Joseph Cabassol

13100 Aix-en-Provence

www.caumont-centredart.com

Catherine Merveilleux

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