C’est au Mamo, le très tendance Centre d’Art de la Cité Radieuse (Le Corbusier), dirigé par le designer Ora Ïto, que vient d’avoir lieu le vernissage d’une exposition qui incarne l’American Dream,
non en tant que Culture et Idéologie dominantes, mais en tant que culture Cool, c’est à dire issue à la fois des cultures originelles, des sous-cultures et du Mainstream.
L’histoire des Etats-Unis s’est construite grâce à la juxtaposition, à l’intégration, à la transformation de diverses cultures venues des quatre coins du monde. Ces influences diverses donnent
naissance à une culture populaire créative et novatrice brisant le tabou des normes et des dogmes traditionnels. Le Tiki d’ Alan Fertil & Damiens Teixidor n’est pas plus Mahori que les fameux
Fortune Cookies des restaurants chinois de Chinatown. L’un est inspiré par la Polynésie, l’autre par des traditions ancestrales chinoises, cependant l’un comme l’autre sont profondément américains.
Les œuvres d’art de ce courant culturel sont le résultat d’un réinvestissement de certaines données culturelles, une fois qu’elles ont été intégrées, digérées et restituées à travers le prisme de la
créativité des artistes.
Le travail de Sterling Ruby dont les sculptures sont recouvertes de drapeaux étoilés est très symbolique et représentatif de cet état de fait et de cette tendance. Si l’une rappelle un
sarcophage égyptien, le titre de l’autre, Double Vampire, est explicite à cet égard. Il évoque une créature qui se nourrit de la substance vitale d’une autre créature, tout comme la culture
américaine se nourrit des cultures dont sont issus les ressortissants américains. Los Angeles, la Cité des Anges incarne admirablement cette capacité à faire coexister les êtres et les lieux en
leur laissant leur identité originelle, tout en leur rendant leur identité intrinsèque, résultat d’une fusion. L’installation de Joel Kyak, Mar Say Hey Sey est très caractéristique à cet
égard.
Une autre des caractéristiques de cette exposition réalisée sous l’égide de Charlotte Cosson et d’Emmanuelle Luciani est qu’à l’ère du digital, le monde et les hommes semblent petit à petit se
dématérialiser et se virtualiser. Beaucoup d’œuvres de David Horvitz, par exemple possèdent une existence online.
Constat d’un monde en train de disparaître, exempt de toute nostalgie et d’états d’âme.
Catherine Merveilleux
Exposition au Mamo du 14/2/2015 au 26/4/2015
Centre d’Art de la Cité Radieuse
280 Boulevard Michelet
13008 Marseille
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