Le Jour et La Nuit
Le Jour et La Nuit

Richard Martin ou le rêve fou d’un saltimbanque

Le roi Richard n’est plus. Richard Martin, comédien et metteur en scène est le fondateur du mythique et emblématique théâtre Toursky qu’il a créé à Saint-Mauront, le quartier le plus pauvre de Marseille. Il vient de disparaître et a confié, lors d’entretiens sur son lit d’hôpital, lors de ses derniers mois de vie : ses aspirations, ses rêves et la fabuleuse aventure de ce théâtre non élitiste et fédérateur. Utopiste, visionnaire et humaniste, il a été jusqu’au bout de ses rêves au péril de sa propre vie.

 

Il est décédé le 16 octobre dernier terrassé par une maladie foudroyante, à la veille de la publication de son livre, un hymne à la création, à la liberté de penser, à la fraternité, à la tendresse et à l’intelligence. Il y raconte son cursus et ses combats pour la liberté, de sa fugue de petit Niçois à Paris où il rencontra Robert Murzeau, son mentor, de mai 68, événement catalyseur et déclencheur déterminant  sa vision du théâtre, avant son retour à Marseille, sa ville de cœur où il fit venir les plus grands.

«Avec le temps, avec le temps va, tout s’en va»… comme le chantait Léo Ferré, son ami, son frère, son acolyte, sauf la passion de Richard Martin, sa tendresse, le message de fraternité qu’il laisse à la Ville de Marseille et que contre vents et marées, il tenta de préserver et de faire perdurer. Comme le chantait le même Léo Ferré, l’héritage qu’il nous laisse  : "C’est extra !» car  celui qui fit affréter un bateau de guerre, l’Odyssée pour prôner la Paix fut vraiment visionnaire et son message est plus que jamais d’actualité dans la conjoncture problématique et la situation explosive où nous nous trouvons. Non iconoclaste, il fit venir les plus grands penseurs, metteurs en scène et acteurs de ces dernières décennies dans cette oasis d’intelligence, de compréhension et de tendresse qu’était le Toursky, ce bastion de la culture érigé contre l’intolérance et l’ignorance dans la Cité Phocéenne.

 

Ce livre testament rédigé, écrit-il, «à l’aube de ses 80 ans, après une grève de la faim qui affaiblit son système immunitaire et déclencha chez lui une tumeur agressive» eut raison de sa vaillance et est le témoignage d’un homme courageux et humaniste, qui croyait qu’il fallait aller au bout de ses rêves, même au péril de sa vie. Utopiste, il défendit  toute sa vie la Culture car selon lui, tout individu a le droit d’affirmer sa dignité et d’accéder à la fois à la culture et à la connaissance car seules la culture et la connaissance sauveront l’Homme de la Barbarie qui pèse au dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès et menace notre civilisation et nos libertés. Un livre édifiant et un bel exemple d’homme passionné qui fit beaucoup pour la culture et la ville de Marseille.

 

Ce livre, écrit entre février et septembre dernier, par un homme qui marqua son siècle et son époque est un testament artistique qui retrace plus de 50 ans de quête : “Je vous livre le récit des cinq saisons de ma vie en toute humilité. Utopiste j’ai été, Utopiste, je quitte ce monde. Non sans clamer une dernière fois : la tendresse, bordel !”

 

Editions : Si un jour


Catherine Merveilleux

 

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