Boris Cyrulnik a échappé à la mort que lui promettaient les Nazis et a perdu ses parents pendant la seconde guerre mondiale au nom d’une idéologie meurtrière. Il a toute sa vie cherché à
comprendre pourquoi et comment une telle idéologie a pu prospérer. Comment l’indicible et l’inconcevable ont pu se produire.
Et aussi pourquoi certains deviennent des « mangeurs de vent », qui se conforment à la Doxa, au discours ambiant, aux pensées réflexes, parfois jusqu’à l’aveuglement, au meurtre, au génocide ?
Comment de gentils papas ont-ils pu pendant la guerre tuer des enfants ? Comment une majorité a-t-elle accepté cette idéologie meurtrière dans un silence assourdissant et coupable ? Comment certains
ont-ils pu sombrer, comme Adolf Eichman, dans ce que Hannah Harrendt appelle la banalité du Mal et pourquoi par contre, d’autres parviennent à s’affranchir de la pensée unique et à penser par
eux-mêmes ? La première arme contre le totalitarisme, c’est l’exigence d’une pensée personnelle. Par contre lorsqu’un groupe social accepte un ensemble d’opinions évidentes, allant de soi, sans avoir
besoin de les remettre en question, c’est le triomphe de la Doxa car lorsqu’un esprit est en déroute, tout cadre le sécurise, surtout s’il est extrême. Certains ont tellement besoin d’appartenir à un
groupe, comme ils ont appartenu à leur mère, qu’ils recherchent, voire chérissent, le confort de l’embrigadement. Ils acceptent dogmatisme et certitudes absolues, mensonges et manipulations,
plongeant dans le malheur des sociétés entières en perdant tout esprit critique et toute liberté intérieure. La servitude volontaire engourdit la pensée. « Quand on hurle avec les loups, on finit par
se sentir loup. » Penser par soi-même, c’est souvent s’isoler. Seuls ceux qui ont acquis assez de confiance en eux osent tenter l’aventure de l’autonomie. Les défaillances éducatives et culturelles
accentuent cette disparition de l’esprit critique et de l’analyse et le sentiment identitaire fragmente la société en catégories, en communautés qui rejettent ceux qui sont différents et cherchent un
bouc émissaire. Par sa réflexion lucide, au-delà de l’histoire, c’est notre présent que Boris Cyrulnik éclaire car le passé permet de comprendre le présent et d’améliorer le futur en ne reproduisant
pas les erreurs du passé.
À travers sa tragique expérience de vie, hors des chemins battus, Boris Cyrulnik nous montre comment on peut conquérir la force de penser par soi-même, la volonté de repousser l’emprise, de trouver le chemin de la liberté intérieure. Un livre intelligent profond et émouvant. Un livre fondateur.
Boris Cyrulnik est neuropsychiatre.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont tous été d’immenses succès, comme récemment : Sauve-toi, la vie t’appelle, La nuit, j’écrirai des soleils et Des âmes et des saisons.
Le laboureur et les mangeurs de vent.
Editions Odile Jacob
Catherine Merveilleux
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