Le synopsis est le suivant : Le clown Chocolat ( Omar Sy) forme un duo de clowns avec Footit (James Thierrès) qui est l’instigateur de cette idée qui fera du chemin car elle donnera naissance au
concept du duo entre le Clown blanc et de l’Auguste. Les deux comparses jouent dans un obscur et misérable cirque de Province, le cirque Devaux. Remarqués lors d’une représentation par Oller (Olivier
Gourmet) directeur d'un cirque à Paris, ils montent tous les deux à Paris où ils rencontrent dès leur arrivée un immense succès populaire dans le Paris de la Belle Epoque. Chocolat devient une
véritable célébrité, il est même immortalisé au Musée Grévin et peint par l’illustre Toulouse Lautrec. Chocolat, de son vrai nom, Rafaël Padilla, né esclave devient la coqueluche du Tout-Paris avant
que la célébrité, l’argent facile, les femmes, le jeu et les discriminations ne ruinent son ascension vertigineuse vers la gloire. Sa carrière sera brisée et l’amitié des deux hommes qui semblait
indéfectible n’y résistera pas. Le film inspiré par l’histoire vraie de Chocolat retrace l’histoire de cet artiste hors du commun qui fut le premier artiste noir de la scène française.
Ce film qui est une très belle histoire d’amitié entre Chocolat et Footit est aussi une merveilleuse histoire d’amour entre Chocolat et Marie (Clothilde Hesme) qui quittera tout pour suivre l’homme
qu’elle aime. Elle sera, pour cette union inconcevable à l’époque, méprisée, insultée et traitée plus bas que terre. Le personnage de Chocolat est un personnage à la fois riche et complexe. Il est
extraverti, épicurien, croque la vie à pleines dents et, insatiable veut goûter à tout, profiter de tout. Il saisit toutes les opportunités qui s’offrent à lui. Au fil du temps et surtout après sa
rencontre avec un intellectuel haïtien rencontré en prison car il est sans papiers, il prend conscience de sa condition d’homme noir et supporte de moins en moins de faire rire à ses dépens car il le
ressent comme une humiliation raciale. Il fait rire autour des stéréotypes sur les noirs considérés comme des sauvages, des cannibales sans civilisation et ne peut plus le supporter. Il veut alors
devenir un acteur, un vrai, un acteur qui joue au théâtre, un acteur qui joue du Shakespeare, en l’occurence le seul rôle écrit pour un homme noir dans le répertoire théâtral et toujours jusqu’à
présent joué par des blancs outrageusement maquillés, à savoir Othello. Chocolat veut prouver qu’il n’est pas seulement un comique et qu’il peut être aussi un acteur. Selon Omar Sy: « Un
rôle comme celui de Chocolat est un véritable cadeau car il m’a permis de jouer des scènes de comédie, de bagarres, d’euphorie avec le succès, puis de déclin avec l’alcool, la drogue. L’autre défi
était de jouer les scènes de théâtre classique, là j’ai vraiment flippé. Je n’avais jamais joué au théâtre, jamais pris de cours. Pour défendre mon personnage, je devais relever le défi. Il fallait
que je joue au mieux. Ce fut une grande pression pour moi. D’ailleurs, cette pression n’est toujours pas retombée. L’histoire se termine mal mais je ne considère pas que Chocolat ait raté sa
vie. Il a connu un amour intense et sans limites avec Marie qui ne l’a jamais quitté même malade, dans une sordide roulotte et le plus grand dénuement. Elle l’aimé jusqu’au bout.»
L’esthétisme de la lumière, des images, des costumes réalisés par Pascaline Chavane et son équipe est remarquable. C’est un film d’époque et le travail de reconstitution est admirable. Le film
commence par une scène que l’on croirait issue du tableau de Van Gogh intitulé «Les Roulottes» et toutes les autres scènes retracent avec précision l’atmosphère du Paris de la Belle époque.
Roschdy Zem considère que ce film est son plus beau, que c’est sa « plus belle expérience professionnelle. Ce film m’a ému par l’analogie entre le parcours de Chocolat et ceux d’Omar et le
mien. Souvent, sur le tournage, on riait en se disant : En fait…on est des imposteurs ? Pourquoi ? Parce que notre génération a grandi sans voir un enfant issu de l’immigration partager l’affiche
avec une vedette de renom. Lorsque j’ai débuté, j’étais autodidacte. Les autres me parlaient de la rue Blanche, du Cours Simon. Je ne savais même pas que cela voulait dire. Je venais des cités et je
n’avais aucune formation… Pendant près de 20 ans, je me suis toujours dit que j’allais finir par être démasqué, que l’imposture allait être découverte que j’allais être rejeté, chassé, que l’on
découvrirait que j’étais un imposteur. Aujourd’hui, ce sentiment a tendance à s’estomper…
Eu égard à la qualité et au professionnalisme du film, Roschdy Zem ne risque pas d’être démasqué ou de passer pour un imposteur. Il est entré grâce à ce film dans la Cour des Grands.
Sortie sur nos écrans le 3 février
Catherine Merveilleux
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