Eric Fraticelli, Denis Braccini, Philippe Corti, Lionel Lévy, Jean-François Perrone©Le Jour et La Nuit Presse/C.Merveilleux
Catherine Merveilleux : Comment est née l’idée de ce film ?
Eric Fraticelli : A l’origine du film le Clan, il y a eu une série que j’ai écrite mais qui, en fait n’a jamais vu le jour car à l’époque je n’étais pas assez connu. C’est ma rencontre avec Richard Caillat qui a été déterminante et qui a permis au Clan d’exister. Richard, producteur de théâtre m’a proposé d’écrire une pièce à partir d’un des épisodes qui racontait l’histoire de gansters un peu maladroits mais attachants dans cet univers corse qui m’est si cher. L’histoire est la suivante : Fred, à la fois le Boss et l’intello, Achille, Le Gnou, Max, le râleur et Francis, la Belette, le crédule de la bande sont quatre truands qui forment une belle équipe de bras cassés. Après avoir lamentablement raté leur dernier coup, ils décident de se refaire en kidnappant Sophie Marceau…J’avais déjà les comédiens en tête, en l’occurence Denis Braccini, Philippe Corticchiato, Jean-François Perrone , qui sont une vraie bande de copains dans la vie. Je connais certains depuis 20 ans, 15 ans, 10 ans. L’alchimie a bien marché. Le public s’est identifié à cette bande.
C.M. : Créée en 2017, au théâtre de Paris, la pièce a connu un succès phénoménal avec plus de 100 000 entrées, puis en 2018, il y a eu une tournée à travers toute la France. Comment le projet d’une adaptation cinématographique est-il né ?
E.F. : Le producteur Philippe Godeau a assisté à la pièce, en tant que spectateur et il m’a proposé de l’adapter au cinéma. Pour moi, c’était un rêve qui devenait réalité. J’ai demandé que Richard Caillat fasse partie du projet et co-produise le film avec Philippe Godeau. Il me paraissait légitime qu’il fasse partie de l’aventure.
C.M. : La distribution est-elle la même qu’au théâtre ?
E.F. : Tout à fait, sauf en ce qui concerne le rôle de Jocelyne Bompard, qui est désormais incarnée par Joséphine de Meaux car entre la pièce et l’adaptation cinématographique le personnage avait un peu évolué. Dans la pièce, c’était une toute jeune femme. Dans le film, elle est devenue la femme du Premier flic de France, maman de deux enfants. Le personnage devait être un peu plus âgé et avoir un peu plus de maturité pour être crédible.
C.M. : Les membres de la bande sont parfois borderline et même parfois monstrueux, notamment, Le Gnou interprété par Jean-François Perrone. Cependant ils restent attachants. Comment cela est-il possible ?
Jean-François Perrone : Le Gnou, le personnage que j’interprète n’est pas monstrueux. Il est pragmatique. La femme qu’ils ont kidnappée a vu leur visage. Elle peut les reconnaître à tout moment. Il faut donc soit la tuer, soit lui crever les yeux. Lui crever les yeux est plus humain. C’est un moindre mal. C’est, la seule alternative possible.
Lionel Levy : Oui, en fait, il est pragmatique et gentil. Il lui évite le pire, à savoir la mort.
C.M. : Comment expliquez-vous le fait que les personnages du Clan malgré leurs défauts, leurs insuffisances demeurent si attachants ?
Denis Braccini : C’est l’écriture pleine de sensibilité d’Eric qui sait mettre en évidence la part d’humanité qui est en chaque personne qui fait que les spectateurs s’attachent aux personnages. La femme du Premier flic de France finit, elle aussi, par avoir une réelle affection pour ses ravisseurs. Au delà de leur carapace extérieure, de leur aspect rustre et bourru, elle a su déceler qu’ils sont tendres à l’intérieur. Au delà des apparences, elle a découvert des êtres sensibles, humains, qui lui ont donné le courage d’avoir l’impulsion d’aller aux bout de ses rêves, de les assumer et de les réaliser. `
C.M. : Le public s’identifie à cette bande. Pourquoi ?
E.F. : C’est une bande de gangsters mais c’est surtout une bande d’amis. Actuellement après les différents confinements, les gens apprécient le fait de faire partie d’un groupe, d’une bande.
C.M. : Vous interprétez le personnage de Belette, un personnage pas très brillant intellectuellement, parfois même inconséquent …
E.F. : Oui, c’est lui qui imagine et propose le kidnapping de Sophie Marceau et au moment de voter, il vote contre son projet car si le coup est un fiasco, on ne pourra pas le lui reprocher, le bousculer et le rudoyer. C’est sa logique à lui. Ses amis l’acceptent tel qu’il est. Nous avons tous une bande d’amis avec des qualités et des défauts et on les accepte tels qu’ils sont. C’est cela le ciment de l’amitié.
C.M. : Eric Fraticelli, vous avez réussi à obtenir la présence de deux guests stars de haut niveau dans votre film. En l’occurence de Sophie Marceau et de Lionel Levy, le chef de l’Intercontinental. Comment avez-vous fait ?
E.F. : En ce qui concerne Sophie Marceau, nous l’avons menacée. En ce qui concerne Lionel Levy, c’est lui qui nous a menacés. Il nous a forcés à le prendre.
C.M. : Lionel, c’était votre premier rôle au cinéma ?
L.L. : Non, j’avais déjà joué dans un premier film puis plus récemment dans Permis de construire. Je suis un passionné de cinéma et je connais Eric Fraticelli depuis 10 ans et toute l’équipe depuis pas mal d’années. Ce tournage a été un grand plaisir pour moi.
C.M. : Le tournage a eu lieu dans le domaine de Murtoli à Sartène ?
E.F. : Effectivement, c’est un lieu rare et sauvage. Je connais Paul, le propriétaire depuis 20 ans. Je l’ai vu fonder son domaine. C’était le lieu idéal pour le tournage. Toutes les scènes dans la bergerie sont tournées à Murtoli.
C.M. : Existe-t-il un humour corse ?
E.F. : Oui, c’est la Macagna et le film illustre bien ce type d’humour.
Mon avis : Une comédie où fusent des répliques à mourir de rire qui vont sûrement faire le buzz et devenir cultes. Les personnages, les situations et le scénario sont de purs moments d’anthologie et de véritables pépites et le spectateur est submergé par le rire et rit de la première scène à la dernière scène. A voir absolument !
Ecrit et réalisé par : Eric Fraticelli
Produit par : Philippe Godeau, Richard Caillat et Eric Fraticelli
Casting : Denis Braccini, Philippe Corticchiato, Jean-François Perrone, Joséphine de Meaux, Lionel Levy
Sortie en salle : le 18 janvier
Catherine Merveilleux
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