Comment des enfants deviennent des assassins, un livre bouleversant de Michel Bourgat

Comment comprendre et enrayer la violence chez les jeunes

Médecin généraliste à Marseille, Michel Bourgat a perdu son fils, Nicolas âgé de 15 ans , mortellement blessé le jour de la rentrée des classes, le 9 novembre 1996. Son assassin avait le même âge que lui. Michel Bourgat a courageusement refusé toute récupération politique et au delà du chagrin éprouvé a consacré sa vie à combattre ce fléau en recrudescence qu’est la montée de la barbarie chez les adolescents.

Papa d’une victime de cette montée inexorable de la violence et de la barbarie, dans notre pays, il tente de défendre les oubliés de la justice des mineurs, à savoir les victimes. Il propose également des pistes de réflexion pour améliorer la justice, notamment une révision de la loi de 1945 et milite pour la création de centres pénitentiaires pour mineurs (EPM) afin de protéger les jeunes qui sont victimes d’actes de violence et de barbarie.

Tout au long du livre, Michel Bourgat se demande comment des enfants peuvent en arriver à tuer d’autres êtres humains, parfois aussi jeunes qu’eux ? Il décrypte les motivations, le contexte urbain et humain de ces crimes parfois d’une barbarie inouïe, s’interroge et essaie d’apporter des réponses et des solutions aux questions suivantes: Quel est le rôle de la société, de la précarité, du chômage, de la démission des parents, de la perte d’autorité, de l’entourage, de l’Ecole, des séquelles de 1968, de la perte des valeurs, de la justice, des réseaux sociaux, des réseaux de deal, de l’immigration dans la montée de la violence chez les adolescents? Le Dr Michel Bourgat, directement touché par cette tragédie, fait le point sur la situation et propose des pistes et des solutions pour enrayer ce fléau.

Plusieurs affaires de meurtre impliquant des mineurs ont fait la une des médias en peu de temps: Elias, 14 ans, tué d’un coup de machette par deux multirécidivistes de 16 et 17 ans; Louise, 11 ans, poignardée par un jeune adulte frustré d’avoir perdu une partie de jeu vidéo; Socayna, 24 ans, tuée chez elle par la balle perdue d’un ado très connu de la justice; Lorène, 15 ans, poignardée 57 fois par Justin, 16 ans, dans leur école à Nantes; Mélanie, surveillante, tuée de plusieurs coups de couteau sous les yeux de la gendarmerie par un collégien de 14 ans.

La violence n’est pas plus fréquente aujourd’hui que par le passé, constate -t-il mais elle a gagné en barbarie et en intensité. Elle n’est plus l’apanage de quelques individus à l’histoire chaotique.

Notre jeunesse est en première ligne et n’a pas encore acquis, avec l’âge, la maturité et l’expérience qui lui permettrait de prendre du recul par rapport aux stimulations des nouvelles technologies. Le virtuel devient une norme égarant les plus fragiles sur la réalité du monde. Déconnectés de la réalité, le meurtre leur semble désormais une réponse à leurs différentes frustrations car ils sont incités par des influenceurs promouvant la violence comme méthode de pression. Les avancées informatiques du XXIe siècle n’ont rien amélioré mais ont au contraire exacerbé ce fléau.