Le synopsis est le suivant : En 1871, en pleine insurrection en Kabylie, un jeune juif d'Alger, Elie, apprend qu'un décret - celui qui a fait des membres de sa communauté des citoyens français - est menacé d'abrogation. Orphelin depuis peu, contraint de quitter Alger pour Paris, il embarque avec une délégation religieuse, de 3 grands rabbins chargés de défendre cette citoyenneté nouvellement acquise, qui sont chargés de convaincre Adolphe Thiers de ne pas abroger le décret Crémieux..
Comme le fait remarquer Josette Guigui, il s’agit d’un voyage initiatique écrit à la première personn. La narration est vivante parfois même humoristique, notamment lorsque l’auteur décrit les grands rabbins de façon caricaturale, dans un style qui n’est pas sans rappeler Philippe Roth. mais aussi d’une plongée dans l’histoire et dans la mémoire collective. Questionné à ce propos Philippe Zaouati confie qu’il est passionné d’histoire, que lorsqu’il écrit, il est incapable d’inventer et qu’il se sert de la réalité pour une introspection. Dans le Naufrage, un autre de ses romans, il s’exprimait déjà à la première personne alors que le personnage principal était une femme. Ce qui n’est pas sans rappeler Gustave Flaubert qui déclara: « Madame Bovary, c’est moi. »
Le récit de cette odyssée redonne vie à un épisode important de l’histoire des Juifs d’Algérie, à savoir le Décret Crémieux par lequel l’Etat français accorda aux Juifs d’Algérie la citoyenneté française.
Philippe Zaouati considère que cela créa une fracture entre les Juifs et les peuples autochtones. Les Juifs indigènes d’Algérie qui étaient au nombre de 35 000 alors que les Arabes étaient plusieurs millions étaient alors considérés comme des sous-citoyens. L’auteur estime que ce décret qui accordait la citoyenneté française aux seuls Juifs fut mal ressenti par le reste de la population vivant sur le sol algérien qui considéra cela comme une injustice, une traitrise, une amputation et un avantage indû. Selon lui, l'Etat français créa, par ce décret, en n’accordant qu’aux seuls juifs d’Algérie la citoyenneté française, une fracture entre les peuples autochtones et une forme de discrimination positive avant l’heure.
Un ou deux décrets Crémieux ?
En fait, il y eut deux décrets Crémieux.
Le décret Crémieux N° 136
Le décret Crémieux (du nom d’ Adolphe Crémieux) est le décret no 136 qui attribue d'office en 1870 la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie, c’est à dire aux 35000 juifs du territoire
Le décret Crémieux N°137
Le décret Crémieux N°136 est complété par le décret no137 portant « sur la naturalisation des indigènes musulmans et des étrangers résidant en Algérie » : pour ce qui les concerne, la qualité de citoyen français n’est pas automatique puisqu’elle « ne peut être obtenue qu’à l’âge de vingt et un ans accomplis » et sur demande.
Force est de constater que la naturalisation, selon l’historien Gilles Manceron, ne fut que rarement demandée par les Musulmans et qu’une loi similaire de naturalisation massive et automatique, portant cette fois sur les étrangers résidant en Algérie fut promulguée le 26 juin 1889.
Les deux décrets furent signés à Tours en conseil du gouvernement de la défense nationale le 24 octobre 1870.
Un livre de Philippe Zaouati
aux éditions L’Editeur à part
Catherine Merveilleux
Le Décret, Philippe Zaouti, Marseille, Catherine Merveilleux, Le Jour et La Nuit, lejouretlanuit.net, identité française, citoyenneté française, naturalisation, Algérie, L’éditeur à part
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