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Le Quatrième mur de David Oelhohffen

Le Prix Coup de cœur du Public a été attribué au film Le Quatrième mur réalisé par David Oelhohffen. Un film coup de poing d’une actualité brûlante qui nous interpelle…

Le synopsis est le suivant : Liban, 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Sam, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.

 

David Oellhoffen réalisateur du film Le Quatrième mur

 

Catherine Merveilleux : Comment vous est venue l’idée de réaliser ce film ?

 

David Oelhoffen : Le film est une adaptation du roman de Sorj Chalandon paru chez Grasset en 2013. Quand j’ai lu le livre, j’ai reçu un coup de poing dans le ventre et j’ai eu l’envie irrésistible de le réaliser mais il m’est apparu que cela était irréalisable financièrement et logistiquement. Lorsque ma productrice Christine Rouxel a acquis les droits, elle m’a contacté et j’ai tout de suite accepté mais je n’ai adapté que la deuxième partie. J’ai fait abstraction de toute la première partie, qui relate le passé d’activistes de Gauche radicale de Sam et de Georges dans leur jeunesse. Le roman relate le conflit sans fin entre les diverses communautés au Liban et le désir utopique de Sam de mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide.

 

C.M. : Le film est d’une actualité brûlante car en 2024. Rien n’est réglé.

 

D.O. : L’action se déroule en 1982 et force est de constater que la situation est toujours aussi inextricable de nos jours. Lorsque nous avons tourné fin 2022, les impacts de balles de cette guerre fratricide étaient toujours présents dans les murs. Rien n’a été reconstruit.

 

C.M. : Que vouliez vous mettre en évidence lorsque vous avez tourné ce film ?

 

D.O. : Mon ambition était de montrer qu’il existe des êtres qui ont l’envie et le courage de rompre la fatalité, de donner de l’espoir. La thématique est qu’il existe des hommes assez fous projets pour garder espoir en l’humanité et ne pas accepter la fatalité.

 

C.M. : Comment s’est passé le tournage ?

 

D.O. : J’étais dans la même position que Georges, le héros. Le film est vu à travers les yeux de Georges qui ne comprend pas tout. C’est un Français dépassé par la complexité de ce pays. Comme Georges, je ne connaissais rien au Liban. J’étais dans une ville que je ne connaissais pas avec des gens dont je ne comprenais ni la langue ni parfois les codes et j’étais guidé par Simon Abkarian, l’acteur libanais qui jouait le rôle de Marwan.

 

C.M. : Comment s’est passé le tournage avec les acteurs libanais issus comme dans le roman des différents camps politiques et religieux ?

 

D.O. : Admirablement. Les petites dissensions qui n'avaient rien de grave ont plutôt eu lieu entre les Européens et les Libanais, pas du tout entre les diverses communautés…

 

C.M. : Que désigne l’expression Le Quatrième mur ?

 

D.O. : Au théâtre le quatrième mur désigne un mur imaginaire situé sur le devant de la scène, séparant la scène des spectateurs. Briser le Quatrième mur fait référence aux comédiens sur scène qui s’adressent aux spectateurs. Cela signifie aussi passer de l’illusion au réel et réciproquement. Dans le film briser le Quatrième mur peut signifier briser le mur d’incompréhension et de haine entre les hommes et les différentes communautés.

 

C.M. : Quel est le rôle de Marwan ?

 

D.O. : Georges ne connait rien au Liban. Marwann le guide pour rencontrer les chefs des différentes communautés. L’histoire relate une course poursuite entre la guerre et le théâtre, entre la folie et la raison.

 

C.M. : Comment s’est passé le casting ? Qu’est ce qui vous a amené à choisir Laurent Lafitte et et de Simon Abkarian ?

 

D.O. : Laurent est un acteur aux multiples facettes. Il est aussi capable de jouer des rôles comme celui de l’acteur, Lucien Guitry dans le film de Guillaume Nicloux Sarah Bernhardt, la Divine que des rôles comme celui de Georges dans Le Quatrième mur. Il est exceptionnel. C’est un vrai acteur. Il a de multiples facettes. Quant à Simon Abkarian, il est Marwan.

 

C.M. : Comment se sont passées les scènes sensées se passer à Chabra et Chatila ?

 

D.O. : Ces scènes de massacres perpétrés les 16 et 18 septembre 1982 ont été très éprouvantes. Nous étions rincés, épuisés émotionnellement. Il n’existe pas beaucoup de films d’une telle intensité, d’une telle réalité. Les figurants étaient des personnes qui avaient de la famille, des proches qui avaient vécu Chabra et Chatila… Pour eux, c’était très éprouvant et très traumatisant… La scène où Georges retrouve Imane dont il est tombé amoureux, égorgée et violée est très émouvante.

 

C.M. : Quel bilan tirez vous de votre film ?

 

D.O. : C’était fascinant de travailler avec la Troupe d’acteurs libanais. Le film fait écho à une actualité brûlante. Le Problème n’est pas réglé. C’est une tragédie dont on ne voit pas l’issue. J’espère que la fin ne découragera pas ceux qui veulent encore changer le monde. Les Humanistes qui ont encore foi en l’Humanité et qui désirent la Paix entre les peuples. La Culture aura peut-être ce pouvoir de réconcilier les différentes communautés…

 

Réalisation : David Oelhohffen

Casting : Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa

Sortie le : 15 janvier 2025

 

Le Pacte, Laurent Lafitte

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