Le Jour et La Nuit
Le Jour et La Nuit

Juliette Gasquet

On ira. Une comédie dramatique intelligente et profonde d’Enya Baroux

Enya Baroux, pour son premier long métrage a choisi de parler d’un sujet grave  sur le ton de la comédie et sans employer un ton mélodramatique. Dès les premières images du film, elle  réussit à embarquer le spectateur, ému, dans un road movie fun et tendre qui fait réfléchir.

Depuis qu’elle a 18 ans Enya, fille du réalisateur Olivier Baroux ( Les Tuches, Just a gigolo, Entre amis, Mais qui a tué Pamela Rose?, l’Italien etc …) rêve d’être réalisatrice. C’est pourquoi, elle a  suivi les cours d’ une école de cinéma. Elle est ensuite passée par le métier d’assistante de mise en scène, puis comédienne en tendant de trouver la bonne histoire. C’est lorsqu’elle a perdu sa grand-mère dont elle était très proche qu’elle a su quel était le film qu’elle avait envie de réaliser et pourquoi.

 

David Ayala, Hélène Vincent et Pierre Lottin

 

Le synopsis est le suivant : Marie, 80 ans, en a ras le bol de sa maladie. Elle a un plan : partir en Suisse pour mettre fin à ses jours. Mais au moment de l’annoncer à Bruno, son fils irresponsable et à Anna sa petite-fille en crise d’ado, elle panique et invente un énorme mensonge. Prétextant un mystérieux héritage à aller chercher dans une banque suisse, elle leur propose de faire un voyage tous ensemble. Complice involontaire de cette mascarade, Rudy, un auxiliaire de vie tout juste rencontré la veille, va prendre le volant du vieux camping car familial, et conduire cette famille dans un voyage inattendu.

 

Le sujet sous-jacent de cette comédie est celui du suicide assisté qu’Enya a eu envie de traiter après avoir elle-même perdu sa grand-mère qu’elle aimait beaucoup. En traversant cette période difficile de deuil, la jeune réalisatrice  a écrit l’histoire d’une grand-mère qui faisait le choix d’un dernier voyage en famille plutôt que de se soigner.

 

Pierre Lottin et Hélène Vincent

 

«La question du droit à mourir dans la dignité  est une réaction à ce que j’ai vécu avec ma grand-mère car cette femme forte, autonome, indépendante a fini tristement sa vie en étant très dépendante, médicalisée et diminuée. Avec ce film je voulais lui imaginer une autre fin plus conforme à sa personnalité. Je me suis donc intéressée au suicide assisté.»

 

Enya confie qu’elle a mis 5 ans avant de pouvoir réaliser son film car les producteurs potentiels sollicités craignaient que le sujet n’attirent pas les spectateurs. Or le paradoxe est qu’au moment où le film sort après un lourd parcours du combattant, deux autres films sortent sur ce sujet de société qui est  d’une actualité brûlante car une loi sur l’euthanasie est susceptible d’être votée en France. Celle-ci suscite bien des débats et des polémiques car  elle a ses adeptes et ses détracteurs. Le premier film sur le sujet est La Chambre d’à côté de Pedro Almodovar   et  le deuxième est Le Dernier souffle de Costa Gavras.

 

Le film d’Enya est une comédie entre rires et larmes, un film sensible et humain. C’est un film militant, certes, concède-t-elle «mais en aucun cas un film moralisateur ou dogmatique. «La comédie m’a paru être la meilleure façon d’aborder ce sujet car le rire permet de désamorcer la situation, de la dédramatiser. Le rire est la meilleure technique pour affronter la douleur. J’ai utilisé l’humour, la poésie mais je ne suis pas tombée dans l’erreur  de montrer que le suicide assisté serait une opportunité géniale, très accessible et facile et que  l’on disparaitrait dans un grand éclat de rire.»

 

Hélène Vincent et Juliette Gasquet

 

Le casting est une réussite. Enya explique : «Hélène Vincent a tout de suite accepté le rôle, il y a 5 ou 6 ans quand je lui ai fait lire le scénario. Son choix était pour moi une évidence car outre sa ressemblance avec ma grand-mère, c’est une actrice exceptionnelle. Elle a d’ailleurs remporté un Prix d’interprétation pour ce rôle dans mon film au Festival de l’Alpe d’Huez avec la jeune Julie Gasquet que j’ai sélectionnée lors d’un casting parmi 50 candidates. Pierre Lottin est également celui auquel j’ai tout de suite pensé pour le rôle de Rudy. Je l’ai rencontré assez jeune, alors que j’étais assistante réalisatrice sur Les Tuche 2 et 3, et je lui avais dit que si je réalisais un jour un court ou un long-métrage, j’aimerais lui confier un rôle. J’ai tenu ma promesse. Quant à David Ayala, je l’ai découvert dans la série de Xavier Giannoli D’argent et de sang où  je l’ai trouvé extraordinaire et j’ai tout de suite eu envie de le voir dans un rôle plus important.»

 

Mon avis : Un film lumineux et positif qui incite à réfléchir à un sujet qui nous concerne tous mais sans dogmatisme, ni a priori. A voir absolument pour ses dialogues percutants, à la fois drôles et tendres, son scénario et la qualité d’interprétation des acteurs !

 

Réalisation : Enya Baroux

Casting : Hélène Vincent, Pierre Lottin, David Ayala, Juliette Gasquet

Scénario : Enya Baroux, Martin  Darondeau,  Philippe Barrière

Société de production : Bonne pioche cinéma, Carnaval Production

Sortie au cinéma : le 12 mars

 

Catherine Merveilleux

 

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