Interview d’Olivier Dahan au Festival La Ciotat Berceau du cinéma

C’est au Festival La Ciotat Berceau du cinéma que le réalisateur Olivier Dahan a assisté à la projection de son film My Own love song, lors de la rétrospective des films projetés à l’Eden, le plus vieux cinéma du monde, à l’occasion de la commémoration des 130 ans du cinéma.

J’ai eu le plaisir d’interviewer ce réalisateur exceptionnel qui m’a parlé du film projeté, de ses films les plus emblématiques et de son prochain film, une adaptation du roman de Zola, Nana.

Olivier Dahan est né et a passé toute son enfance à la Ciotat. Il est principalement connu pour ses films biographiques : La Môme (2008), Grace de Monaco (2014) et Simone, le voyage du siècle (2022). Il a aussi tourné de nombreux clips et de nombreuses publicités.

Le synopsis de «My Own love song est le suivant : Jane, une ex-chanteuse devenue handicapée à la suite d'un accident, au cours duquel elle a perdu son mari, reçoit des nouvelles de son fils. En effet, Devon reprend contact avec sa mère car il souhaite l'inviter à sa communion. Malgré les craintes de Jane de retrouver son fils après des années et de faire face à son passé douloureux, son ami Joey arrive à la convaincre d'entreprendre ce périple à travers les États-Unis. C'est au cours de ce voyage et des rencontres qu'ils feront sur la route que Jane composera sa plus belle chanson d’amour.

C'est un film bouleversant. Dès les premières images le spectateur est émotionnellement chaviré. Il reçoit comme un coup de poing. Il a de l’empathie immédiate pour Jane, l’héroïne. Celle-ci, assise derrière une table se fait courtiser par un homme dans un bar. Cependant lorsqu’elle quitte la table, celui-ci découvre à sa grande surprise que la jeune femme est paralysée et en fauteuil roulant et il la rejette sans ménagements.

Catherine Merveilleux : Votre film «My Own Love Song» interprété par Renée Zellweger, Forest Whitaker et Nick Nolte, des stars hollywoodiennes de dimension internationale est sorti en 2010 après le succès phénoménal de «La Môme» sorti en 2008 et encensé par la critique et le public. Il avait, en effet, reçu une pluie de récompenses notamment un Oscar, un Golden Globe, un Bafta et un César… et avait été projeté dans le monde entier. Comment «My Own love song» qui chronologiquement suivait ce film a t-il vu le jour ?

Olivier Dahan : Après le succès incroyable et international de la Môme, j’ai eu carte blanche pour faire le film que je rêvais de faire. J’ai réalisé «My Own love song», un film personnel, que je portais en moi depuis longtemps. Je l’avais déjà écrit avant La Môme. Ce film est à la fois un road movie et une comédie dramatique avec pour thématiques le handicap, la résilience et l’amitié indéfectible entre Jane et Joey. C’est en fait une histoire d’amitié entre «Two lost souls»,deux âmes perdues qui ont vécu des épreuves douloureuses et qui ensemble retrouvent l’espoir et la force de vivre, de créer et d’aimer.

C.M. : C’est en effet un film positif, lumineux et spirituel, je dirai même habité. Le film est tourné en Anglais et aux Etats-Unis…

O.D. : C’est un road movie et les paysages traversés en Louisiane et au Kansas sont très importants car ils apportent une dimension au film en accompagnant le voyage initiatique de Jane et de Joey.

C.M. : Musicalement et esthétiquement très soigné, le film est sorti juste après la Môme et n’a pas reçu le succès qu’à mon avis il méritait car c’est un grand film. Pourquoi ? Est-ce-que le succès d’un film est prévisible ?

O.D. : Le succès n’est pas prévisible. Je n’avais absolument pas prévu le succès phénoménal de «La Môme.» Certains aspects du film comme les incrustations graphiques, les dessins animés ont peut-être dérouté. Les anges et les fantômes eux aussi peut-être… Pour faire un film qui a du succès, il n’y a pas de recette. Ce qui compte est d’être authentique, de ne pas essayer de surfer sur les tendances, sur ce qui plait. Il faut savoir aussi assumer les échecs comme les succès.

C.M. : Votre film est porté par une interprétation magistrale des stars oscarisées, telles que Forest Whitake et Renée Zellweger dont c’est à mon avis la plus belle interprétation et de l’incroyable acteur qu’est Nick Nolte mais aussi par deux chansons écrites par Bob Dylan, notamment la magnifique chanson «Life is hard».

O.D. : J’ai eu la chance infinie de faire le film dont je rêvais avec les meilleurs. J’ai été très touché que Bob Dylan accepte faire les chansons du film.

C.M. : Vous avez réitéré l’aventure hollywoodienne une deuxième fois en octobre 2012, avec un biopic tourné en 2012 sur Grace de Monaco et présenté en ouverture du Festival de Cannes en 2014 avec Nicole Kidman dans le rôle de Grace Kelly où la famille Grimaldi avait émis des réserves…

O.D. : La famille avait lu le scénario et le film avait été tourné à Monaco…

C.M. : En 2019, vous revenez au biopic avec le magnifique film Simone, le voyage du siècle où Simone Veil, est interprétée par Elsa Zylberstein.

O.D. : Elsa Zylberstein est magnifique. C’est un biopic mais aussi une fresque de société, un pan d’histoire.

C.M. : Quels sont vos projets. Avez vous un film en préparation ?

O.D. : Je prépare une adaptation du roman d’Emile Zola, «Nana». Le casting, pour choisir l’actrice qui incarnera Nana, est en cours. Je suis aussi en train d’écrire le scénario avec Anne Berest qui est par ailleurs l'auteure du roman best seller «La Carte postale». Nous écrivons ce scénario à quatre mains.

Catherine Merveilleux

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