Mikado. Un film bouleversant de Baya Kasmi interprété par Ramzy Bedia

Pour son troisième long métrage, Baya Kasmi persiste et signe dans l’excellence avec ce film qui met en scène Mikado, un papa placé dans son enfance par l’ASE, qui pour ne pas voir ses enfants lui être enlevés, a fait le choix de les faire vivre en marge de toute institution et de toute autorité.

Le synopsis est le suivant : Mikado et Laetitia vivent avec leurs enfants sur les routes. Quand une panne de moteur les amène à s’installer le temps d’un été chez Vincent, un enseignant qui vit seul avec sa fille, c’est le début d’une parenthèse enchantée qui pourrait aussi bouleverser l’équilibre de toute la famille alors que Nuage, leur fille aînée, se prend à rêver d’une vie normale.

Catherine Merveilleux : D’où vous est venue l’idée de construire un film autour d’un couple qui a délibérément fait le choix de vivre sur la route avec ses enfants, de ne pas les déclarer et de rester en marge de toute institution et de toute autorité ?

Baya Kasmi : Mikado a été placé à l’ASE. Il éprouve des difficultés à s’en remettre. Il éprouve toujours de la colère, un manque d’amour, une frustration et un sentiment d’exclusion. Il a, depuis toujours, profondément ancré en lui, le désir de fonder une famille fusionnelle et indéfectible mais il vit dans une insécurité permanente et craint que ses enfants ne lui soient enlevés. J’ai connu des personnes parmi mes proches qui ont été placées et j’ai eu envie de faire ce film pour parler de leur désarroi, de leur manque d’amour dans leur enfance et de leur douleur.

C.M. : Ramzy Bedia qui interprète Vincent est votre comédien fétiche puisqu’on le retrouve dans vos trois longs métrages…

B.K. : Effectivement, il a joué dans mes précédents longs métrages, notamment en 2022 dans Youssef Salem a du succès.

C.M. : Pourquoi s’appelle-t-il Mikado ?

B.K. : Il s’appelle en réalité Michael, mais enfant maltraité, il a décidé de changer de nom. Le Mikado est un jeu où il est difficile de séparer les bâtonnets et pour Mikado, c’est un symbole car il ne veut pas que les membres de sa famille soient séparés les uns des autres.

C.M. : Mikado et sa famille donnent l’impression de mener une vie bohème, libre et sans entrave mais est-ce réellement le cas ?

B.K. : En fait, les enfants n’ont pas choisi ce mode de vie. Il leur est imposé. Ils s’y sentent prisonniers et la collision entre cette famille bohème et une famille apparemment plus classique va donner envie à Neige de s’émanciper, d’avoir une vie sociale, d’avoir des camarades, d’aller au collège…

C.M. : Mikado croit être un bon père mais la rencontre de sa famille avec celle de Vincent va tout faire exploser…

B.K. : En fait, ses enfants, Nuage et Zéphyr ne peuvent rien choisir. Ils sont coupés du monde, enfermés en plein air. Neige va être attirée par la culture de Vincent et juger son propre père qui n’a pas l’érudition de Vincent. Diminué, il va essayer de remonter dans son estime en le battant au foot mais…

Mon avis : Un film magnifique et lumineux tourné dans le sud qui raconte l’émancipation d’une jeune fille et la confrontation entre deux familles antagonistes : la famille bohème de Mikado et la famille apparemment plus classique de Vincent. Ramzy Bedia est bouleversant dans le rôle de ce père qui fait tout pour être un bon père et pour éviter à ses propres enfants le traumatisme qu’il a vécu enfant. Un film à voir absolument !

Réalisatrice : Baya Kasmi

Casting : Félix Moati, Ramzy Bedia, Vimala Pons

Sortie le : 5 février 2025

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