Indéfendables mémoires de Gilbert Collard

Après un demi-siècle d’une carrière hors-normes, Maître Gilbert Collard, le célèbre avocat marseillais, nous dévoile dans un livre passionnant, qui se lit comme un thriller, les coulisses de plusieurs affaires dramatiques qui ont défrayé la chronique et dans lesquelles il a joué un rôle crucial.

Avec perspicacité, humanisme, pertinence et parfois même avec humour et autodérision, il analyse les procès historiques qui ont fait frissonner d’effroi la France tout entière. Sous sa plume caustique, il nous fait pénétrer dans les arcanes de certains dossiers et de certains procès dont la fureur médiatique et les idéologies partisanes ont parfois donné une image erronée pour les rendre conformes au «politiquement correct». Notamment lorsqu’il relate  le procès du Général Paul Aussaresses, l’ancien des services spéciaux, qui fut l’un des tous premiers à avouer la torture en Algérie dans son livre «Services spéciaux» qui fit scandale. Le Général fut alors conspué et frappé du sceau de l’infamie, sans que l’opinion publique ne prenne en compte les actes  barbares perpétrés par le FNL.

Grâce à ses notes et à une mémoire implacable, l’auteur décortique l’affaire Ranucci, relatée par Gilles Perrault dans son best seller «Le Pullover rouge» qui  raconte comment Christian, un  tout jeune homme assassina  Maria Dolorès, une petite fille de 12 ans dans d’horribles conditions.

Avec psychologie, tout au long de son ouvrage, l’auteur explore la terrifiante complexité de l’âme humaine et analyse les motivations qui peuvent conduire des êtres humains à commettre des assassinats et des actes de barbarie inimaginables sur d’autres êtres humains, parfois même sur des enfants comme, lors de la tuerie d’Auriol ou lors de celle du Grand Bornand. Il montre aussi que la profession d’avocat est parfois dangereuse car il fut lui-même menacé de mort lorsqu’il défendit avec courage malgré la désapprobation générale Laïd Moussa, l’assassin à l’Opinel, à un moment où l’opinion publique voulait «la peau de l’Arabe». Dans l’Affaire des bébés échangés, Gilbert Collard dénonce le laxisme et les lenteurs d’un système judiciaire où les victime de la substitution de bébés durent attendre vingt ans et neuf procès avant d’être entendues.