Sandrine Bonnaire y interprète le rôle d’une maman qui n’a rien vu et qui est brutalement confrontée à la radicalisation de sa fille. Le film décrit son combat pour
l’arracher à l’endoctrinement dont elle est victime et retrace le parcours d’une autre adolescente Mélanie, qui elle, est allée jusqu’au bout de son engagement et qui est partie faire le Djihad.
C’est dans l’after du cinéma Cézanne que nous avons rencontré la réalisatrice du film, Marie-Castille Mention-Schaar, Sandrine Bonnaire, les jeunes actrices, Noémie Merlant et Naomi Amarger ainsi que
Dounia Bouzar qui joue son propre rôle dans le film.
« Le film parle de ce moment tellement fragile qu’est l’adolescence où l’on a soif de pureté et d’engagement et où l’on passe si violemment d’un extrême à l’autre et de l’exaltation à la
dépression. » dit la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar. Pour réaliser ce film, elle a mené pas mal d’investigations et un travail de fond. « C’est en lisant un article sur un frère
parti rechercher sa sœur en Syrie qu’est née l’idée, l’urgence de ce film. Emilie Frèche au même moment a posté sur instagram un article sur un père parti chercher sa fille en Syrie. Je l’ai appelée
et nous avons évoqué l’idée d’écrire un scénario sur ce sujet. Je n’ai pas réalisé un documentaire car c’est , en fait, tout simplement impossible. On ne peut pas suivre avec une caméra une
adolescente qui se cache et qui est dans la dissimulation vis à vis de ses parents, du système scolaire et du monde entier. J’ai aussi rencontré des journalistes, des parents et surtout Dounia
Bouzar, créatrice du Centre de Prévention, de Déradicalisation et de Suivi Individuel (CPDSI). Elle a accepté que je la suive lors de ses séances de désembrigadement et que je rencontre les familles
de jeunes radicalisés, fanatisés. Cela m’a permis de mieux comprendre, de mettre des visages sur les histoires que l’on rencontre sur Internet et de comprendre que cela n’arrive pas qu’aux
autres.
Lors de la rencontre au cinéma Cézanne, Dounia Bouzar a expliqué les différentes méthodes et processus utilisés par Daech pour endoctriner les jeunes filles. Ce sont celles d’une secte, explique
t-elle, mais Daech n’est pas une une secte. C’est un état totalitaire qui utilise des procédés très élaborés, des films de propagandes très persuasifs. Les méthodes sont adaptées aux différents pays
et à la psychologie du jeune ciblé. Les rabatteurs profitent de la fragilité ( deuil, échec, rêve brisé) et de la naïveté des jeunes filles. Les recruteurs savent trouver les mots qui touchent. Ils
utilisent la séduction, se font passer pour des princes. Les jeunes filles qui partent croient qu’elles vont rejoindre leur prince charmant. Ce n’est pas le cas. Une fois, en Syrie, elles devront
épouser le premier venu et prêter allégeance à l’Etat islamique. D’autres recruteurs utilisent la peur, leur font croire que la fin du monde est imminente et qu’en prêtant allégeance à l’Etat
islamique, elles pourront sauver les membres de leur famille.
La réalisatrice montre beaucoup d’empathie pour ses personnages. Sandrine Bonnaire, quant à elle, avoue qu’à leur âge, elle avait une telle soif d’absolu d’amour, mais aussi une telle révolte qu’elle
aurait pu, elle-même, basculer et se laisser piéger.
Un film édifiant et prophylactique qui permettra peut-être à des jeunes filles trop naïves de sombrer dans le Djihad et à leurs parents de déceler les signes avant-coureurs de la montée de
l’intégrisme chez leur enfant, avant qu’il ne soit trop tard. « Le tournage a commencé le 15 novembre, juste après l’attentat terroriste qui frappa Paris dans sa chair. J’ai voulu plus que
jamais comprendre, même si comprendre ne permet pas d’excuser … » a précisé la réalisatrice.
Sortie le 5 octobre
Catherine Merveilleux
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