Le Jour et La Nuit
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Pourquoi les avocats sont-ils en grève et en colère ?

La mobilisation des avocats du Barreau de Marseille contre le projet de loi de programmation de la justice se durcit et s’intensifie.

Le 11 avril, les avocats de Marseille seront à Paris avec leurs confrères de toute la France, pour défiler lors de « la Marche des droits», non pour défendre leurs prérogatives, leur statut, mais pour défendre les justiciables contre une réforme à la hussarde et contre l’ubérisation de la justice.

 

« Notre justice est bâtie sur trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif et l’autorité judiciaire qui est indépendante. Si elle est mise à mal, nous avocats, avons le devoir de rejoindre les magistrats et de nous lever tous ensemble ». Geneviève Maillet

 

C’est à la Maison de l’avocat à Marseille que nous avons rencontré Geneviève Maillet, Bâtonnier du Barreau de Marseille, entourée de Maître Julie Taxil, de Maître Delphine Gallin, de Maître Stéphanie Spiteri, et de Maître Benjamin Ayoun, membres du Conseil de l’ordre. Ils ont, lors d’une conférence de presse, dressé la liste exhaustive et étayée des risques encourus par le justiciable par cette réforme de la justice envisagée à la hussarde, au mépris de toute démocratie, des droits les plus fondamentaux et sans concertation préalable avec les professionnels du droit.

Depuis le 21 mars et ce jusqu’au 11 avril, les avocats sont en grève tout comme l’ensemble des barreaux de France. Ils suspendent toutes les désignations et demandent le renvoi des audiences. Le 11 avril, 100 avocats de Marseille, se rendront à Paris pour «la Marche des droits» qui a pour objectif de sensibiliser l’opinion publique et d’envoyer un signal clair aux parlementaires qui auront à débattre du projet de loi.

 

Quelles sont les raisons de leur colère ?

 

- Le gouvernement veut imposer une loi qui réduira les droits des citoyens et limitera leur droit d’accès à un juge uniquement pour faire des économies.


- En cas de divorce, la CAF décidera du montant de la pension alimentaire à attribuer et plus la pension sera élevée, moins les prestations familiales seront importantes. Le justiciable ne pourra plus saisir le juge. Il n’y aura plus ni conciliation, ni médiation, or comme le déclare Geneviève Maillet : « Le fait que la confrontation ait lieu devant un juge empêche que cela puisse dégénérer. Nous avons ainsi pu éviter pas mal de clashs et de violences, au cours de nos carrières respectives ». « La tentative de conciliation sera remplacée par un algorithme, explique Maître Benjamin Ayoun. C’est une déshumanisation de la justice, une ubérisation de la justice. » Maître Delphine Gallin s’insurge contre le fait que la mise en place de plate-formes juridiques qui suppléent le juge par des robots, des algorithmes trahiront la confidentialité dont étaient garants les avocats tenus au secret professionnel.


- « Demain, les perquisitions menées par les enquêteurs pourront être effectuées sans autorisation préalables d’un juge. Doit-on sacrifier les droits fondamentaux sur l’autel du profit ? » s’insurge maître Stéphanie Spiteri.


- Les victimes d’une infraction peuvent aujourd’hui déposer plainte auprès de la police ou de la gendarmerie et le procureur de la République est tenu de leur répondre dans les trois mois. Si la loi passe, le plaignant devra déposer plainte en ligne et le Procureur de la justice disposera de 6 mois pour lui répondre. En cas de refus, il faudra déposer un recours auprès du Procureur général qui pourra saisir un juge… un an après les faits !


- Autre déshumanisation de la justice, les agresseurs, dans les affaires de viol, ne seront plus jugés par un jury populaire composé de citoyens dans une Cour d’Assise et cela uniquement pour des raisons de coupes budgétaires.


- En cas de garde à vue, les services de police pourront arbitrairement décider de la prolongation de la garde à vue de 24h supplémentaires sans avoir à en référer au Procureur de la République.


- Les tribunaux d’Instance où se traitaient les petits litiges seront purement et simplement supprimés.

- Le traitement de la justice civile est transféré au secteur privé pour désengorger la justice. Ce qui la déshumanise.

 

Les avocats du Barreau de Marseille sont en colère car c’est une terrible régression du droit des justiciables à faire valoir leurs droits. Inique et arbitraire, mise en place par ordonnance, cette réforme est une insulte aux droits les plus fondamentaux du citoyen.


« La France dépense actuellement 72 euros et par habitant. Nous sommes placés derrière la Moldavie en matière de justice et cette réforme va encore nous faire régresser. De qui se moque t-on ? Ce procédé de réforme de la justice par ordonnance uniquement animé par un souci d’économie, n’est pas acceptable pour nous les avocats. Demain, nous défileront à Paris et nous dirons non à une justice privée et déshumanisée. Nous dirons non à la désertification de la justice », conclue Maître Geneviève Maillet, Bâtonnier du Barreau de Marseille.

Catherine Merveilleux

 

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