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La burkinisation de la pensée : une nouvelle bataille remportée par les djihadistes salafistes ?

Le burkini, le cheval de Troie des djihadistes salafistes.
Alliance sémantique improbable du mot bikini, porté par Brigitte Bardot dans le film « Et Dieu... créa la femme », et du mot burqa, tristement rendu célèbre par les talibans, le « burkini » divise aujourd’hui notre pays car il est un symbole de l'influence en France du wahhabisme (salafisme).

Ne nous laissons pas voiler la face : le burkini est bien plus qu’une façon de s'habiller ou l’expression de sa religion, il banalise, pendant la trêve estivale, le totalitarisme djihadiste salafiste et affirme un rejet radical de notre mode de vie, à la plage où nous sommes les plus libres, détendus et égaux.
A la suite de la tentative de privatisation du parc aquatique Speed Water à Plan de Campagne dans les Bouches-du-Rhône - dénoncée par de nombreux élus parfois maladroitement - certains maires de stations balnéaires ont entrepris d’interdire le port du Burkini pour motif de trouble à l’ordre public par arrêté municipal.
Dans un contexte post attentats de Nice du 14 juillet 2016, de l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray, et compte-tenu de l'état d’urgence que nous connaissons depuis bientôt presque un an, le Tribunal administratif de Nice, en se fondant notamment sur le risque d'atteinte à l'ordre public, a autorisé le maire de Villeneuve-Loubet à interdire. Cette interdiction a été annulée par le Conseil d’Etat par Ordonnance du 26 août 2016, aux termes de laquelle l’arrêté municipal qui était soumis à son examen fut suspendu au motif qu’il portait une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle.
Aussi, le Tribunal administratif de Nice a t-il opéré un revirement de jurisprudence « éclair » le 30 août 2016 en suspendant l’arrêté « anti-burkini » rendu par la Commune de Cannes.
Loin d’avoir éteint la polémique, la décision rendue par le Conseil d’Etat continue pourtant de susciter les débats dans le droit fil de ceux du foulard à l’école, du repas dans les cantines, des programmes scolaires, de la prière dans la rue, des horaires dans les piscines publiques ou de l’examen d’une femme par un médecin homme dans un hôpital public.
En effet, la plus haute juridiction administrative donne un blanc seing pour poursuivre la dégradation de la place des femmes dans notre société et sa promotion : en France, au nom de la liberté, les femmes peuvent donc être dévalorisées et diminuées.

 

En premier lieu, l’idée selon laquelle le corps des femmes devrait être caché puisqu’il suscite le désir des hommes doit être abordée sans tabou, ni oeillères. Il suffit de penser à toutes ces jeunes filles qui habitent dans les quartiers Nord de Marseille (ou partout ailleurs), qui se font quotidiennement insulter et qui - quelque soit leur religion - vont avoir à souffrir des conséquences de cette décision.
Le Conseil d’Etat pouvait et aurait du se fonder sur le respect de l’égalité homme-femme notamment inscrite dans le marbre de notre bloc de constitutionnalité aux termes duquel « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme » (Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 qui fait partie intégrante de notre Constitution).
Le burkini n’a rien à voir avec la tradition musulmane qui prescrit au contraire le respect des coutumes du pays d’accueil : le burkini est le vêtement féminin de l'affirmation d'un courant politique, le wahhabisme.
Ce djihadisme salafiste, dont le projet de Califat mondial et de conversion des infidèles de gré ou de force et partagé par les Frères Musulmans, se matérialise concrètement dans les actions d’Al Qaida, du GIA, du Hamas ou de l’Etat Islamique - DAECH -, postes avancés de leur idéologie.
Les salafistes nous ont déclaré la guerre et veulent changer notre façon de vivre en nous soumettant à leur conception « pudique » des rapports hommes-femmes, en nous imposant leur vision de la place de la religion dans la sphère publique et en nous proposant un programme peu réjouissant pour nos démocraties et nos libertés fondamentales.
Dénoncer le burkini n’est donc pas un acte islamophobe puisqu'Islam et wahhabisme n’ont rien de commun, le second menace d'ailleurs le premier depuis plus de deux siècles.
Si tout le monde - ou presque - partage le constat que le burkini est un symbole de valeurs qui ne sont pas celles de notre démocratie, force est de constater que le racisme se situe d’abord du côté de ceux qui essentialisent la femme en acceptant que sa - prétendue - culture d’origine devrait prédominer sur les lois de la République : l’idée même de « femme musulmane » perçue comme un bloc homogène relève d’un fantasme raciste de la part de ceux qui défendent - souvent de bonne foi - son assujettissement à sa communauté d’origine et sa soumission à l’homme.
Au moment où proviennent des zones libérées de l’Etat Islamique des images montrant des femmes qui brûlent leurs geôles de tissu, il faut être sacrément cynique ou naïve pour revendiquer de se couvrir toujours plus !
L’argumentation « pro » burkini établissant un parallèle avec les maillots couvrant au début du siècle dernier est surprenante puisqu’à l’époque les baigneurs masculins se couvraient également : ce n’est absolument pas le cas des hommes accompagnant les femmes porteuses de burkini d’aujourd’hui !
Pour des progressistes, si on suit le même raisonnement, se réclamer des années 1900 pour faire l’apologie du burkini consisterait donc à accepter également la peine de mort, l’obligation de l’autorisation de l’époux pour qu’une femme travaille, l’interdiction de l’avortement ou encore l’interdiction de l’homosexualité…
Or le burkini, n’est pas "un maillot de bain" comme les autres puisqu’au contraire il est l’équivalent de la Burqa - version plage. Porter un burkini, c’est accepter de véhiculer le symbole de l’idéologie salafiste selon laquelle, d’une part, il serait attentatoire à la pudeur que la femme soit dévoilée quand elle se baigne et, d’autre part, que la femme serait inférieure à l’homme.

 

En second lieu, de manière très surprenante, le Conseil d’Etat ne fait aucune allusion à la guerre qui nous est déclarée par les salafistes qui ont fait de très nombreuses victimes : la prolifération du port de burkini, concomitamment avec les attentats tragiques de ces derniers mois, apparaît comme une nouvelle provocation politique.
Dans la droite ligne de ce que préconise le salafisme, le burkini est un détail parmi d’autres d’un plan cohérent de guerre déclarée aux valeurs républicaines et au mode de vie qu’elles véhiculent.
En conséquence, le port du «burkini» n'est pas un geste communautariste ou religieux : c'est un nouveau jalon qui s'ajoute à tous ceux posés par une version ultra-réactionnaire et totalitaire de l’islam politique depuis une quarantaine d’années.
C’est l’étendard politique du wahhabisme, au pire conquérant, et au mieux, totalement indifférent à notre mode de vie et à nos valeurs.
Ce salafisme, courant politique qui instrumentalise une religion, est le fait d’une minorité : puritains auto-proclamés, les wahhabis promeuvent en effet le rejet total et meurtrier de toute forme d’Islam ou de pratique religieuse différente de la leur.

 

Quelle surprise de découvrir les chantres du "pas d'amalgame" faire eux mêmes l'amalgame entre Islam et salafisme djihadiste quand cela conforte leurs propos alors que l’Islam est pris en otage par cette dérive sectaire qui promeut la direction des affaires terrestres par le Coran, les haddits, la charia comme règle transcendant la loi du pays, la conversion de gré ou de force des infidèles et l'instauration d'un califat mondial… la burqa, le burkini sont des manifestations du salafisme, pas de l’Islam.
Ce véritable signe de ralliement n’a sa place nulle part : ni sur une plage, ni dans les piscines, pas plus que son idéologie nauséabonde n’a sa place dans les écoles, dans les mosquées ou dans les lieux publics.
Interdire le burkini, ce n’est en aucun cas remettre en cause l’existence d’une liberté individuelle : il n’y a pas de liberté qui enferme les femmes ! C’est dénoncer un salafisme djihadiste, impérialiste, mortifère et moyenâgeux.
En conséquence, il doit donc être interdit partout, tout comme l’on interdit par exemple le port de la croix gammée, symbole de l’idéologie nazie.
Si, pour certaines femmes, le port du burkini est délibéré, assumé, parfois provocateur et souvent militant, pour beaucoup d'autres, il est bien imposé et ce n'est pas leur manquer de considération et les traiter comme des sous-êtres humains incapables, que de dire que la force des pressions familiales et communautaires est trop forte. Bien au contraire ! Volontaire ou non, cette servitude doit cesser.
Nous devons les protéger.
Les paroles fortes ne suffiront pas, les actes doivent être fermes : si le Burkini signifie intrinsèquement que la femme ne serait pas l’égale de l’homme, alors il convient tout simplement de l’interdire.
On ne peut plus se contenter de prohibitions éparses et partielles, reposant sur la seule bonne volonté des maires. L’interdiction du burkini doit être fondée sur des motifs d’ordre public, de laïcité et d’égalité hommes-femmes.
Espérons que nos parlementaires prennent enfin leurs responsabilités en adoptant la loi qui s’impose, tout en rappelant que ce ne sera que la 25 ème loi constitutionnelle en un peu plus de 50 ans.
L’Histoire est sévère. Restons inflexibles sur la défense de « nos » femmes et de nos valeurs.
Les générations futures jugeront durement les « esprits munichois » du XXIème Siècle.

 

Julien AYOUN         
Avocat au Barreau de Marseille

 

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