Samuel Massilia © Dinh Van Men Studio
Le synopsis est le suivant : Micka, en contrat d’engagement, est en stage dans une maison de retraite après avoir menti sur ses ambitions. Grâce à son énergie, son charisme et son charme naturel, il va bouleverser la vie des résidents.
Catherine Merveilleux : Votre film qui est dédié à votre grand-père aborde un sujet tabou au cinéma, celui des personnes âgées vivant en Ehpad. Pourquoi ce sujet est-il tabou et quelles sont les motivations qui vous ont poussé à l’aborder ?
Samuel Massilia : En avril 2024, j’ai perdu mon grand-père. C’était un homme exceptionnel que j’adorais et qui m’a transmis beaucoup de valeurs. C’est lui qui m’a offert mes premiers livres et qui m’a ainsi fait découvrir tout un monde… J’ai eu beaucoup de chagrin lorsqu’il a disparu et j’ai eu envie d’écrire et de réaliser un film qui montre que la vieillesse n’est pas un naufrage et qu’une fin de vie peut être heureuse et joyeuse. Le sujet de la vieillesse est taboue. Ce n’est pas «sexy» d’en parler. Mon grand-père, en ce qui le concerne, n’a jamais vécu en Ehpad. Il est mort à 98 ans et est resté autonome jusqu’à la fin.
C.M. : Connaissiez-vous le monde des Ehpads avant de réaliser votre film ?
S.M. : Ma mère était vendeuse en comité d’entreprise. Toutes les semaines, à l’âge de 10 ans, je l’accompagnais dans un Ehpad et j’aimais beaucoup ces moments de transmission et de chaleur passés avec ces personnes âgées. Elles me racontaient leur vie, me donnaient des conseils. Je regardais avec elles «Les Feux de l’amour», le feuilleton culte de l’époque, auquel je fais d’ailleurs référence avec humour dans mon film.
C.M. : Micka, le personnage principal de votre film n’est au départ pas particulièrement motivé par la perspective de travailler dans un Ehpad. Il va cependant bouleverser la vie des résidents de l’Ehpad où il fait un stage et leur redonner la joie de vivre. Il va laisser entrer le soleil dans cet établissement et dans la vie de ses pensionnaires.
S.M. : Effectivement, il n’est pas particulièrement motivé. Il est transgressif. Il a des préjugés et des a priori négatifs sur les personnes âgées. Il n’a pas les codes mais sa gentillesse naturelle va faire des miracles.
C.M. : Le film a -t-il été réellement été tourné dans un Ehpad ?
S.M. : Tout à fait. Il a été tourné à l’Ehpad L’Estelan à Rognes en Provence. Le personnel soignant et les résidents interprètent leur propre rôle dans le film. Henriette Forton (98
ans) et Mme Speziani (96 ans) sont pensionnaires dans cet Ehpad. J’avais déjà écrit mon scénario mais en conversant avec les résidents, j’ai rajouté certains éléments de leur vie à leur personnage.
Avant le tournage, j’ai suivi une préparation de deux mois. Je me suis notamment entretenu avec le personnel soignant.
C.M. : Que vouliez vous montrer dans votre film et quel est votre message ?
S.M. : Je voulais montrer la réalité et lutter contre les préjugés, notamment à propos de la maltraitance.
C.M. : Le livre choc «Les Fossoyeurs» de Victor Castanet qui dénonce la maltraitance dresse un portrait accablant des Ehpads et en donne une image effrayante…
S.M. : Effectivement, mais ce que ce livre dénonce ne doit pas être généralisé. Mon film est dédié à mon grand-père comme je l’ai dit mais aussi au personnel soignant pour son dévouement, sa bienveillance et son courage au quotidien.
C.M. : Comment est accueilli votre film ?
S.M. : Plusieurs projections ont déjà eu lieu notamment à l’Eden à la Ciotat, le plus vieux cinéma du monde en activité, un autre a eu lieu au château de la Buzine, le château dont parle Marcel Pagnol dans «Le Château de ma mère». Une autre projection aura lieu à aux Arcades à Cannes le 8 août prochain. Il a été projeté à Madrid, aux Rencontres cinématographiques de Salon de Provence et à la Cité radieuse du Corbusier. Il a été projeté à Rognes où les pensionnaires de l’Ehpad, l’Estelan qui jouent leur propre rôle ont eu le plaisir de se voir sur grand écran. il a aussi été diffusé dans divers collèges. J’ai eu aussi le plaisir ‹être reçu par Mme Yaël Braun Pivet à l’Assemblée nationale…
C.M. : Quels sont vos projets ?
S.M. : Je suis en cours d’écriture d’un livre sur la résilience. Ce sera mon deuxième livre après celui sur René Malleville qui m’avait donné les clés de son autobiographie et qui est paru en mars 2022. Ce deuxième livre est co-écrit avec l’actrice et scénariste Mylène Jampanoi.
Mon avis : Un film délicat, lumineux, plein d’émotion et d’humanité. En un mot solaire qui transmet un beau message intergénérationnel. Les acteurs sont prodigieux et dégagent un charisme indéniable.
Le Soleil : Court métrage de 38 minutes
Réalisateur et scénariste : Samuel Massilia
Producteurs : Samuel Massilia, la Ville d'Aix-en-Provence, la MLPA, le Synerpa et le GEIQ Paca
Casting : Mickaël Migliorini, Alexandra Holzhammer, Régis Marvin Merveille N’Kissi Moggzi, Marine Rosse, Nicolas Ferrero
Catherine Merveilleux
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