Indéfendables mémoires de Gilbert Collard. 2ème opus

Après le succès du premier tome de «Mémoires indéfendables», Gilbert Collard, le célèbre avocat marseillais, nous dévoile dans un second opus tout aussi passionnant que le premier et qui se lit comme un thriller, les coulisses de plusieurs affaires judiciaires dramatiques et sanglantes qui ont défrayé la chronique et dans lesquelles, il a joué un rôle crucial.

Des affaires judiciaires emblématiques

Dans ce second volet de ses mémoires d’avocat, Gilbert Collard nous plonge une fois encore dans les affaires judiciaires les plus emblématiques des cinquante dernières années à savoir, l’assassinat du Juge Michel, la profanation du cimetière de Carpentras, l’affaire du Temple solaire et le viol de Morgiou.

Ce livre est d’une grande richesse historique car il nous permet de mieux comprendre notre société et ses mutations. Avec perspicacité, humanisme, pertinence et parfois même avec humour et autodérision, l’auteur analyse les grands procès qui ont fait frissonner d’effroi la France tout entière. Sous sa plume caustique et lucide, il nous fait pénétrer dans les arcanes de certains dossiers et de certains procès dont la fureur médiatique et les idéologies partisanes ont parfois donné une image erronée pour les rendre conformes au «politiquement correct».

Une justice médiatique et idéologique

«La justice est dans notre société contemporaine idéologique. Les médias condamnent souvent une personne inculpée avant que le jugement n’ait eu lieu. La personne est cancélisée, diabolisée et l’opinion publique telle une meute la considère coupable. Elle est considérée comme «indéfendable» et arbitrairement présumée coupable. Ce n’est pas la recherche de la Vérité qui prime mais l’émotion suscitée par les médias or tout être humain a le droit d’être défendu par un avocat. Personne n’est indéfendable. Le facteur émotionnel est un frein à la recherche de la vérité.», confie-t-il, lors de notre interview.

Une plongée dans les profondeurs et les origines du Mal

Le récit est intéressant car il ne se limite pas à l’enceinte du tribunal. Il est holistique, il remonte aux origines de chaque affaire, donne la parole aux accusés, aux témoins, à la famille, aux victimes et restitue ainsi toute la complexité humaine, sociale et judiciaire de ces drames. Avec psychologie, tout au long de son ouvrage, l’auteur explore la terrifiante complexité de l’âme humaine et analyse les motivations qui peuvent conduire des êtres humains à commettre des assassinats et des actes de barbarie inimaginables sur d’autres êtres humains, parfois même sur des enfants. Fin psychologue, l’auteur analyse et décrypte chaque profil. Il n’éprouve, explique t-il, pas d’empathie particulière pour ces êtres humains qui ont sombré dans la Barbarie mais essaye seulement de comprendre comment et pourquoi, ils ont pu en arriver là.

Explorateur de l’âme humaine, Gilbert Collard continue aujourd’hui encore à s’interroger sur la dualité du Bien et du Mal

La profanation du cimetière de Carpentras

Dans la partie consacrée à la profanation du cimetière de Carpentras, Gilbert Collard décrit très bien comment l’opinion publique, la presse incriminèrent le FN sans aucune preuve alors que la jeunesse dorée organisait des messes noires et des orgies dans le cimetière. Finalement ce furent des skin heads néo-nazis qui se dénoncèrent «spontanément» au bout de cinq ans aux RG et qui écopèrent de peines de prison. Ce qui laisse songeur …

Le Viol de Morgiou

L’auteur décrit très bien dans le chapitre consacré au Viol de Morgiou où il défendait l’un des 3 inculpés suspectés de viol, comment ce procès fut historique et annonciateur d’une mutation importante des normes de notre société. Perpétré dans la nuit du 21 au 22 août 1974 à une époque un viol n’était juridiquement considéré que comme un attentat à la pudeur, ce procès fut marqué par la présence de Gisèle Halimi, ardente féministe qui bouscula les codes et fit que le viol passe du statut d’attentat à la pudeur au statut de crime.

L’Affaire du temple solaire

L’Affaire du Temple solaire est une plongée dans l’univers du Mal poussé à son paroxysme. L’auteur s’interroge avec intelligence et lucidité sur la question de savoir comment des êtres humains intelligents, cultivés, riches, ayant pignon sur rue et bien intégrés dans la société ont pu ainsi être manipulés, endoctrinés, et dépouillés par les deux gourous de la secte du Temple solaire.

L’assassinat du juge Michel

L’assassinat du Juge Michel assassiné 21 octobre 1981, Boulevard Michelet à Marseille par deux hommes à moto qui bouleversa à son époque la France entière est relatée de façon très intéressante par Gilbert Collard parce qu’il connaissait à la fois très bien le juge Pierre Michel pour avoir travaillé avec lui et parce qu’il fut aussi l’avocat de l’un des deux assassins, Charles Altieri. Ce qui lui permet de dresser un portrait exhaustif et très intéressant de ce juge venu à Marseille sans en connaître les codes et qui selon lui en mourut. C’est aussi pour l’auteur l’occasion de relater l’histoire de la French et d’expliquer qu’à Marseille, il existe une anthropogéographie dont il est important de tenir compte.

Explorateur de l’âme humaine

Le célèbre avocat au cours de sa riche carrière, rencontra les assassins les plus terrifiants et ceux-ci continuent de le fasciner et de l’intriguer. Certes, il n’éprouve pas d’empathie pour eux mais il aimerait comprendre. Explorateur de l’âme humaine, il continue aujourd’hui encore à s’interroger sur la dualité du Bien et du Mal et les motivations qui poussent l’homme à se montrer diabolique et monstrueux. Selon lui le Mal existe. Le crime existe depuis Caïn et Abel, explique t-il. Le mal est archaïque. Il existe depuis la nuit des temps dans le cerveau reptilien. Il est contenu par la morale, par la loi mais, parfois, il ressurgit.