Le Jour et La Nuit
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Les Amandiers, un film de Valeria Bruni Tedeschi à voir absolument

Présenté en compétition au Festival de Cannes 2022, les Amandiers est un film très personnel réalisé par Valeria Bruni Tedeschi, qui à l’occasion de l’avant-première du film aux Variétés est venue, lors d’une conférence de presse, parler avec passion de ce film bouleversant.

Valéria Bruni entourée de Léna Garrel, Sarah Henochsberg et de Vassili Schneider


Le synopsis du film est le suivant : Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.


J’ai perdu mon frère du sida, Thierry d’une overdose. C’était l’époque de la libération sexuelle. Les gens autour de nous mourraient comme des mouches. Tout le monde couchait allègrement avec tout le monde.


Valéria explique : «C’est mon expérience personnelle qui m’a inspiré l’idée de faire ce film. J’ai moi-même suivi les cours de l’école du théâtre des Amandiers, lors de sa deuxième session. Cette école a été fondatrice pour moi, dans mon travail et dans ma vie. Les gens que j’y ai rencontrés, les choses que j’y ai vécues, sont toujours fortement ancrées en moi, mais je ne suis pas la seule à avoir écrit le film. Le scénario et les dialogues sont signés par moi-même mais aussi par Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy. Quelques mois après le début de l’écriture, Noémie a eu l’idée de réaliser des entretiens avec les anciens élèves de l’école. Je les ai recontactés un à un et nous nous sommes retrouvés. Ça a été joyeux, j’avais l’impression étrange que le temps ne s’était pas écoulé. Comme les personnages du film, nous avions suivi les cours de l’école du théâtre des Amandiers et fait le déplacement à N.Y pour suivre des cours chez Lee Strasberg et ils ont partagé de nombreux souvenirs, notamment celui où Catherine Deneuve était venue à l’école et avait mangé un steak frites avec du ketchup… mais aussi des souvenirs plus intimes. Ils savaient que le film serait une fiction, qu’on allait modifier la réalité et que leurs noms n’apparaîtraient pas. Ils ont été tous très généreux dans leurs témoignages. Ces entretiens nous ont été extrêmement précieux. Les Amandiers se base sur notre vécu mais le transcende par la fiction. On est toujours entre l’autobiographie et l’imagination.»


Patice Chéreau et Pierre Romans se droguaient, avaient des relations sexuelles avec les élèves. Ce qui paraît inconcevable aujourd’hui à l’époque de #metoo.

 

Valéria Bruni Tedeschi poursuit : « 20 ans, c’est à la fois un âge angoissant et merveilleux. C’est l’âge de tous les possibles. C’est l’âge de la passion, d’Eros et de Thanatos car cette génération qui était la mienne était celle des années sida et des années où la drogue était très répandue parmi la jeunesse. J’ai perdu mon frère du sida, Thierry d’une overdose. Les jeunes autour de nous mourraient comme des mouches. C’était l’époque de la libération sexuelle. Tout le monde couchait allègrement avec tout le monde. On avait honte de demander à son partenaire de mettre un préservatif. C’était la roulette russe. Les femmes étaient très en danger. C’était à la fois des années de liberté, de passion, mais aussi des années dangereuses. J’ai essayé de montrer dans mon film ce souffle de libération. Par contre, je n’ai pas voulu faire de Patrice Chéreau et de Pierre Romans des icônes, des personnes lisses, sans failles. Ils n’auraient pas aimé être traités de façon «respectueuse». Ils se droguaient, avaient des relations sexuelles avec les élèves .,. Ce qui paraît inconcevable aujourd’hui à l’époque de #metoo. Mais je le répète, c’était une autre époque. C’est une fiction et les personnages bien qu’inspirés par d’anciens élèves ne sont pas réels. »

 

 Le personnage de Stella, qui habite dans un hôtel particulier me ressemble. Comme elle, j’avais honte de faire venir des amis chez moi.


Valéria confie : « Le personnage de Stella, qui habite dans un hôtel particulier me ressemble. Comme elle, j’avais honte de faire venir des amis chez moi. J’avais honte d’appartenir à la classe des nantis. Pour moi, c’était une espèce de honte sociale, à l’envers. J’avais peur que l’on considère que je n’avais pas assez souffert. La rencontre entre Stella et Etienne est la rencontre entre deux mondes. Le personnage d’Etienne , un personnage à la fois sombre et plein de tendresse est remarquablement interprété par Sofiane Bennacer, un acteur marseillais plein de charisme Celui de Chéreau par Louis Garrel qui est impressionnant. J’ai eu beaucoup de chance car tout le casting est prodigieux. »

 

Un film passionnant qui nous plonge dans une belle histoire d’amour romanesque et de passion pour le théâtre inspirée par un vécu auto-biographique mais romancé.


Au cinéma le 16 novembre


Catherine Merveilleux


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