Le Jour et La Nuit
Le Jour et La Nuit

Youssef Salem a du succès, une comédie irrésistible avec Ramzy

 

C’est au cinéma les Variétés que vient d’avoir lieu l’avant-première du film Youssef Salem a du succès remarquablement interprété par Ramzy Bedia et sa sœur Mehla Bedia. Rencontre avec la réalisatrice du film Baya Kasmi.

 

Baya Kasmi réalisatrice

 

Dans son deuxième long métrage, la scénariste et réalisatrice, Baya Kasmi poursuit son analyse de la cellule familiale, de ses secrets, de ses tabous, de ses non-dits et retrouve pour interpréter le rôle principal  de son film, l’acteur, Ramzy Bedia avec lequel elle avait déjà tourné son premier film.

 

Le synopsis est le suivant : Youssef Salem, 45 ans, a toujours réussi à rater sa carrière d’écrivain. Mais les ennuis commencent lorsque son nouveau roman rencontre le succès car Youssef n’a pas pu s’empêcher de s’inspirer des siens, pour le meilleur, et surtout pour le pire. Il doit maintenant éviter à tout prix que son livre ne tombe entre les mains de sa famille qui ignore totalement que Youssef parle d’elle dans son livre.

 

Catherine Merveilleux : Comment est  née l’idée de ce personnage d’écrivain qui s’inspire de ses proches pour créer une œuvre romanesque ?

Baya Kasmi : Beaucoup d’auteurs s’inspirent de leur vécu pour écrire une fiction.  C’est un phénomène répandu.«Quand un écrivain naît dans une famille, la famille est foutue.» a déclaré Philippe Roth, l’auteur de Portnoy et son complexe.

 

 

C.M. : Le film parle de l’identité communautaire. Est-ce qu’un arabe doit obligatoirement ne pas boire d’alcool, avoir une sexualité «normale», c’est à dire non déviante des normes  inculquées par  la société dans laquelle il vit ? S’il ne le fait pas cause-t-il un préjudice à sa communauté et apporte-t-il du grain à moudre aux islamophobes ? Doit-il obligatoirement être un exemple ?

B.K. : Le fait de ne considérer que le fait qu’il soit maghrébin est réducteur. Le thème abordé est un problème universel et non communautaire. Le héros de Philippe Roth, Nathan Zuckerman, son alter ego est issu de la communauté juive, mais c’est un juif non-représentatif de sa communauté. La question est : peut-on n’être représentant que de soi-même ou implique-t-on toujours sa communauté par ses actes ou ses écrits ? Le personnage principal est maghrébin, mais la problématique, qui est de s’inspirer de sa vraie vie pour écrire une fiction peut se retrouver dans d’autres communautés. L’actualité est pleine de familles qui portent plainte contre des auteurs qui tirent leur inspiration de faits réels et de personnages réels qui font partie de leur famille.


C.M. : La scène sur le plateau de télévision est un pur moment d’anthologie.

B.K. : La scène qui se passe sur un plateau de télévision montre très bien comment dans notre société communautariste, fragmentée et clivante, les journalistes cherchent à assigner les personnes à leur communauté, à les faire rentrer dans des cases. Ils focalisent tout sur le fait que Youssef  est arabe et n’abordent pas en fait le livre en tant qu’objet littéraire.

 


C.M. : Comment avez-vous décidé d’aborder ce sujet ? Pourquoi avez-vous choisi d’en faire une comédie ?

B.K. : J’avais très envie d’écrire une comédie car sous le biais de l’humour on peut aborder  de façon efficace des sujets sérieux. J’ai écrit le scénario à 4 mains avec Michel Leclerc. Le film est tourné de deux façons différentes. La première partie est en voix off car elle relate le roman de Youssef Salem. Le spectateur sent qu’il est plongé dans un univers de fiction. La deuxième partie se passe dans la vraie vie. Ce n’est pas du tout tourné de la même façon.

 

C.M. : Votre film aborde le sujet de la sexualité et de la culpabilité que le héros éprouve vis à vis de sa propre culpabilité.

B.K. : Le héros confie qu’il a découvert sa sexualité avec la crainte, l’épée de Damoclès d’une punition divine. Dans toutes les religions dès qu’il y a sexualité, il y a sentiment  de  culpabilité.

 


C.M. : Le choc toxique est-il un événement qui s’est réellement passé à Constantine ?

B.K. : Non, c’est une légende urbaine, une métaphore qui illustre bien la crainte d’assumer sa sexualité et les tabous que la sexualité représente en Algérie.


C.M. : Ce n’est pas la première fois que vous tournez avec Ramzy. Le personnage principal a -t-il été  écrit pour Ramzy qui jouait déjà il y a 7 sept ans dans votre premier film Je suis à vous tout de suite ? Ramzy Bedia, l’auteur et Noémie Lvovsky, son éditrice forment un couple improbable et un duo irrésistible. Comment avez vous réussi ce cocktail détonnant ?

B.K. : Noémie Lvovsky incarne l’univers de l’édition, la rive gauche, le parisianisme. Elle est extravertie. Elle n’hésite pas à établir des stratégies pour vendre ses livres et va  jusqu’à profiter des scandales éventuels. En même temps, elle est très sincère et aime son auteur, beaucoup trop même... Youssef est lui aussi sincère, généreux. L’alchimie a très bien  fonctionné entre eux.

 

 

C.M. : Comment s’est passé le reste du casting ?

B.K. : L’une des sœurs est incarnée par la propre sœur de Ramzy, Melha Bedia. Cela a été une vraie rencontre, j’aime sa finesse, sa drôlerie et sa vitesse d’exécution. J’ai demandé la permission à Ramzy de lui proposer le rôle et il a tout de suite été enthousiaste. Le frère est joué par Oussama Kheddam, avec qui j’ai tourné la série Remix.Tassadit Mandi et Abbes Zahmani, les parents sont exceptionnels et très crédibles. L’autre sœur est incarnée par Caroline Guiela Nguyen qui est metteur en scène de théâtre. Vimala Pons, l’amie d’enfance, objet des fantasmes de Youssef est solaire et lumineuse. Lyes Salem a un second rôle presque burlesque, celui de Rachid, qui vient également de Port-de-Bouc et qui participe à une émission ressemblant fort à Koh-Lanta... Rachid comme Youssef sont tous les deux confrontés au problème de la célébrité, quoique de manière différente.

 

Baya Kasmi est réalisatrice, scénariste et actrice française. Son scénario "Le nom des gens" inspiré de sa propre vie a remporté en 2011 le César du meilleur scénario original. Elle est la compagne du réalisateur Michel Leclerc avec qui elle collabore régulièrement.


 Sortie au cinéma : le 18 janvier 2023

Réalisation : Baya Kasmi,
Casting : Noémie Lvovsky, Mehla Bedia, Ramzy Bedia, Vimala Pons Abbès Zahmani Vimala Pons


Catherine Merveilleux


#tandemdistibution, #dominoefilms,#ramzybedia, #mehlabedia, #bayakasmi, #noemielobsky, #catherinemerveilleux, lejouretlanuit.net,, #marseille, #portdebouc, #youssefsalemadusucceslefilm

Version imprimable | Plan du site
©Le Jour et La Nuit Presse

Email