Catherine Merveilleux : Votre film est-il à l’origine inspiré par un vécu personnel ?
Joachim Lafosse : À l’origine, le scénario s’inspirait de ce que j’ai vécu avec mon père, maniaco-dépressif. C’est mon film le plus personnel, le plus intime. Un jour maman m’a dit : « Je vais me séparer de ton père. Je l’aime toujours mais vivre avec la maladie est trop dur ». Ce film est une auto-fiction.
C.M. : Quel est le synopsis du film ?
J.L. : Leila et Damien s’aiment profondément. Malgré sa bipolarité, Damien tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire. Il le lui dit et reconnaît qu’il ne peut pas lui promettre qu’il pourra un jour guérir.
C.M. : Votre père était-il lui-même peintre ?
J.L. : Mon père voulait être photographe, il l’a été un temps, sans réaliser vraiment ses rêves. Il photographiait des tableaux. De là m’est venue une immense admiration pour les peintres, qui plus tard s’est cristallisée sur le travail et la personne de Piet Raemdonck. Toujours est-il que jusqu’à la veille de la préparation du film, le personnage était un photographe. Et puis, Damien Bonnard est arrivé. Il avait fait les Beaux-Arts. C’est ainsi que, de photographe, le personnage est devenu peintre. Les tableaux que l’on voit sont d’ailleurs peints par Piet Raemdonck et Damien Bonnard.
C.M. : Ce film est-il un film sur la maniaco-dépression ou plutôt un film sur les conséquences d’une psychose sur une relation amoureuse et la vie de famille ?
J.L. : La bipolarité détruit le malade comme ses proches. C’est pour cela que le film s’appelle Les Intranquilles.
Même avec beaucoup d'amour, au bout d’un moment, les sacrifices se révèlent intenables. Leila Bekti, qui incarne le rôle de la mère dans le film dit à un moment : « Je me suis oubliée pendant deux
ans. J’ai prix quinze kilos. » Elle ne peut pas faire éternellement abnégation d’elle-même, s’oublier et se réduire au rôle d’une infirmière. Ce que j’ai voulu montrer, c’est que même dans ce champ
de ruines familial, l’amour subsiste.
Ce film n’est pas un film sur la Maniaco-dépression, mais plutôt une interrogation sur la capacité et les limites de l’engagement amoureux. Damien, le père alterne phases maniaques ou épisodes de
dépression. Le traitement au lithium qu’il doit prendre le calme, mais le laisse anéanti.
C.M. : Pourquoi ce titre Les Intranquilles ?
J.L. : Ceux qui vivent auprès d’un maniaco-dépressif deviennent eux aussi des intranquilles
Leïla est à certains moments très perturbée. Elle flirte avec la paranoïa. Même lorsque la maladie n’est pas là, lorsque Damien n’a pas de crise, elle est suspicieuse, craint le pire. C’est aussi le
cas avec les alcoolique. Leur entourage craint toujours qu’ils replongent.
C.M. : A un moment donné Amine, le petit garçon du film se révolte contre sa maman et a des mots très durs à son égard. Comment l’expliquez-vous ?
J.L. : Amine, c’est moi à 7, 8 ans. Au moment où il se révolte, il prend le parti de son père qui n’est pas en état de crise et qui veut tout simplement l’emmener au lac faire du bateau, mais Leila est tellement stressée par l’épée de Damoclès de cette maladie chronique et récurrente qu’elle lui refuse ce plaisir. La maladie suscite chez elle une paranoïa, un état d’inquiétude et de stress permanents qui la perturbent. Elle n’est jamais tranquille.
C.M. : Au début du tournage aviez-vous envisager la fin telle qu’elle est dans le film ?
J.L. : Non , je me suis laissé guider par l’interprétation de Leila Berkti et de Damien Bonnard, des acteurs prodigieux qui se sont appropriés les personnages, qui les ont vraiment incarnés et leur ont donné vie.
C.M. : Pourquoi ce choix d’inscrire le film dans la période de la pandémie du Covid , en faisant porter des masques aux personnages et en montrant la peur des clients de la boulangerie ? L’histoire, en effet, est intemporelle.
J.L. : Pour le film, j’ai travaillé avec des psychiatres et nous avons parlé de l’exacerbation des problèmes des personnes atteints de pathologies pendant les périodes de confinement où les enfants n’allaient pas à l’école et où les familles étaient confinées en huis-clos avec leurs problèmes. Je voulais aussi ancrer mon film dans une réalité.
Le film le plus personnel de Joachim Lafosse. Un film puissant et bouleversant sur l’amour et les limites de l’engagement amoureux face à la maladie. L’amour peut-il autoriser une négation, un sacrifice et une abnégation totale de soi-même ? Tel est le propos du film. A voir !
Un film de Joachim Lafosse
Avec Leïla Bekti, Damien Bonnard, Gabriel Merz Chammah
Sortie le 29/9/2021
Catherine Merveilleux
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