Burning days, un thriller politique au suspens haletant

Burning days est un film d’Emin Alper, qui décrit le combat d’un idéaliste solitaire luttant contre l’élite corrompue d’une ville, Yanikar située en Turquie. Yanikar, où se déroule l’action du film est une ville fictive, mais comme l’a déclaré Emin Alper, lors du dernier Festival de Cannes, c’est un microcosme symbolique de la Turquie où la problématique de l’eau est cruciale car sa pénurie est de plus en plus préoccupante.

Le synopsis est le suivant : Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible, vient d’être nommé dans une petite ville reculée  de Turquie. A peine arrivé, il se heurte aux notables locaux bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens … même les plus extrêmes.

Les Dolines, ces formes d’érosion brutales et circulaires constituent un vrai problème en Anatolie centrale. Avec le disparition des nappes phréatiques, le nombre de Dolines augmente et représente un vrai danger pour la population locale. Ces Dolines sont de véritables gouffres qui existent vraiment, mais sont aussi de véritables métaphores qui représentent le gouffre entre le combat d’un procureur idéaliste qui aspire à la justice,  à la démocratie et à l’éradication de la corruption.

Le film est tourné comme un thriller, comme un western. A son arrivée, le jeune procureur Emre assiste à un dîner dans le jardin du maire avec les notables d’Anikar qui l’enivrent au raki et probablement le droguent. A la suite de ce dîner, une jeune gitane simple d’esprit est violée et maltraitée. Le jeune procureur ne parvient pas malgré tous ses efforts à se remémorer le fil de cette soirée tragique. Ses souvenirs sont contradictoires. Sont-ils des images mentales ou de réels souvenirs ? Est-il victime d’une amnésie traumatique ? Les réminiscences et les fulgurances de sa mémoire sont ambiguës. Est-il complice du viol de  la jeune gitane Pekmez  ? L’a t-il lui-même violée, lors d’une tournante organisée par les notables ? Peut-être imagine t-il certaines scènes et lui sont-elles suggérées par ses fantasmes…Peut-être les a-t-il réellement vécues…Peut-être lui sont-elles suggérées…

Le personnage du journaliste Murat est lui-même ambigu, plus qu’ambigu … Désire-t-il aider Emre ou le manipule t-il ? Son ambivalence sexuelle est l’un des ressorts dramatiques du film car il met en évidence les désirs sexuels homosexuels inexplorés d’Emre. Murat a-t-il réellement été adopté dans son jeune âge par un protecteur qui souhaitait le protéger et l’aider ou par un homme plus âgé qui souhaitait en faire son objet sexuel ?

Finalement le jeune procureur est piégé, non par une conspiration savamment ourdie, mais par une cohésion spontanée entre tous les habitants du village qui se liguent avec leur maire car souvent le peuple se tourne vers le populisme, vers l’homme politique le plus fort, le plus puissant et le plus manipulateur au lieu de choisir la démocratie et son propre intérêt.

Un thriller politique avec en toile de fond le populisme, la corruption, la manipulation et l’homophobie. Pour info, le film a été présenté au Festival de Cannes 2022, mais ne sortira sur nos écrans que le 26 avril 2023.

Les deux acteurs principaux, Selahattin Pasali et Ekin Koç, qui incarnent les personnages d’Emre et de Murat sont prodigieux, tout en nuances et en subtilité.

Un film : d’Emin Alper

Casting : Selahattin Pasali, Ekin Koç, Selin Yeninci

Sortie le : 26 avril

Catherine Merveilleux

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