Sons, un thriller psychologique danois qui interpelle
Après Guilty, le réalisateur danois Gustav Môller signe un très beau film, d’une intensité rare, qui interpelle et ne laisse pas indifférent.
Eva, gardienne de prison exemplaire, fait face à un véritable dilemme lorsqu'un jeune homme de son passé est transféré dans l'établissement pénitentiaire où elle travaille. Sans dévoiler son secret, Eva sollicite sa mutation dans l’unité de Haute-sécurité, réputée comme la plus violente de la prison, où est incarcéré le jeune homme.
Le dilemme d’Eva est un dilemme que le spectateur s’approprie car il se trouve tout de suite en empathie avec Eva qui a vécu l’indicible, l’intolérable. Que ferait-il à sa place ? . Choisirait-il le pardon et la réinsertion ou la vengeance et la sanction ? A notre époque et dans la civilisation qui est le nôtre, le système judiciaire tente désespérément de satisfaire ces deux approches, même si elles sont en totale contradiction. C’est ce paradoxe fascinant que le réalisateur explore dans un film d’une violence psychologique intense et bouleversante.
Eva, bien qu’elle soit psychologiquement et affectivement brisée par la tragédie qu’elle a vécue se montre forte dans un environnement violent. Elle travaille dans un univers presque exclusivement masculin. Elle est prisonnière de sa souffrance et de son besoin de s’affranchir de cette prison. La vengeance et le pardon sont les deux seules possibilités qui s’offrent à elle pour sortie de cette réclusion affective et psychologique. Quelle solution choisira-t-elle et nous mêmes comment agirions nous à sa place ?
L’assassin de son fils renvoie Eva à la violence du meurtre qu’il a commis mais aussi à la violence de son propre fils et à sa propre culpabilité, en tant que mère, car elle se demande ce qu’elle a raté dans l’éducation de son fils pour qu’il devienne lui-même violent et délinquant ?
Eva a une relation ambivalente avec les détenus. Au début du film, Eva traite tous les détenus comme s’ils étaient ses enfants. Elle les materne, elle leur donne des cours de maths. Ce sont en quelque sorte ses fils de substitution. Elle entretient avec eux un lien maternel. Après l’arrivée de Mikkel, elle se montre plus dure envers les détenus et bien entendu à l’égard de Mikkel lui-même mais au fil du temps, après l’avoir très violemment agressé à coup de matraque, dans une crise de violence paroxystique, elle renoue avec lui un lien maternel plus apaisé.
Sidse Babett Knudsen dans le rôle d’Eva est remarquable. Ses émotions se lisent de manière imperceptible sur son visage. Son jeu est tout en nuances et en subtilité et garde des zones d’ombre. Sébastien Bull dans le rôle de Mikkel est phénoménal. Il a à la fois un côté dangereux et enfantin et dégage une énergie brutale. Il est impressionnant.
Sortie en France le : 01/05/2024
Réalisation : Gustav Möller
Casting : Sidse Babett,alim, Marina Bouras, Olaf Johannessen
Première mondiale Festival de Berlin 2024 - Compétition
Genre : drame
Danemark, Suède
Catherine Merveilleux
@lesfilmsdulosange, #sonslefilm, #suede, #danemark, #gustavmöller, #catherinemerveilleux, lejouretlanuit.net, #gerardmer
Les autres rencontres de Gérardmer
Un Petit truc en plus. Une comédie irrésistible réalisée par l’humoriste Artus
L’humoriste et acteur, Artus vient de réaliser son premier long métrage et c’est une véritable pépite d’humour et de tendresse. Il a aussi co-écrit le scénario et joue lui-même un rôle dans ce très beau film.
L’Enfant qui mesurait le monde, un film magnifique de Takis Candilis
L’enfant qui mesurait le monde est une adaptation du roman «L’Enfant qui mesurait le monde» paru chez Grasset écrit par l’écrivain francophone d’origine turque, Metin Arditi. Un livre où il nous plonge dans la Grèce contemporaine par le prisme de l’histoire d’un enfant et d’un architecte qui a perdu sa fille et qui découvre qu’il a un petit fils de 9 ans Yannis atteint du syndrome d’Asperger.
Border Line, un thriller au suspens haletant
Le film Border Line relate l’implosion d’un couple qui immigre à son arrivée à New York lorsqu’il est contrôlé par la police des frontières et de l’immigration. Le film est intense et le spectateur est pris par le suspens de ce film dont la dramaturgie monte crescendo avant d’atteindre son paroxysme.
Indivision, un film marocain de Leila Kilani
Indivision est le deuxième long métrage de fiction de Leila Kilani. Son premier film était un documentaire intitulé Tanger les brûleurs de feu. Indivision explore les thèmes complexes des rapports familiaux, de la propriété et de la destruction de l’environnement et met en lumière les enjeux cruciaux de notre époque.
Dîner à l’Anglaise, une comédie anglaise très second degré
Dîner à l’anglaise est une comédie anglaise signée Matt Winn, teintée d’un humour noir et caustique. C’est une excellente satire des classes moyennes britanniques.
Sons, un thriller psychologique danois qui interpelle
Après Guilty, le réalisateur danois Gustav Môller signe un très beau film, d’une intensité rare, qui interpelle et ne laisse pas indifférent.
La Petite Vadrouille, une comédie de Bruno Podalydès
Acteur, réalisateur, Bruno Podalydès a travaillé pour les Cahiers du cinéma et a une filmographie importante à son actif, tant comme acteur que comme réalisateur. Il est le frère de Denis Podalydès et a l’habitude de travailler avec une troupe de fidèles dont son frère. Il vient de réaliser une comédie assez déjantée comme il en a l’habitude.
Dissidente, un film canadien engagé qui dénonce l’exploitation
Dissidente est un film coup de poing de Pier-Philippe Chevigny qui dénonce l’exploitation humaine et qui fait réfléchir
Petites mains de Nessim Chikhaoui. Un film drôle, sensible et percutant
«Petites mains» est une comédie sociale réalisée par Nessim Chikaoui inspirée par plusieurs histoires vraies. Le réalisateur connu pour son dernier long-métrage «Placés» immerge le spectateur dans l’univers d’un Palace parisien où règne le luxe et le pouvoir de l’argent et où de petites mains travaillent dans l’ombre pour que tout soit parfait pour les clients. Ces femmes de chambre taillables et corvéables à merci sont des invisibles au statut précaire.
Une affaire de principe d’Antoine Raimbault, en présence de José Bové
Une Affaire de principe est un film d’Antoine Raimbault et l’histoire racontée est une histoire vraies tirée d’un chapitre du livre «Hold up à Bruxelles, les lobbies au cœur de l’Europe» écrit par José Bové publié aux Editions La Découverte. Tous les faits sont rigoureusement réels.
Pendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin
Pendant ce temps sur terre est un film de Science-fiction dont le réalisateur est Jérémy Clapin, qui jusqu’à présent n’avait réalisé que des films d’animations : deux courts-métrages et un long métrage intitulé «J’ai perdu mon corps» adapté du roman de Laurant pour lequel il a reçu une Lumière du meilleur film d’animation et pour lequel il a été nomminé aux Oscars.
Frères d’Olivier Casas, un film poignant sur l’amour fusionnel entre 2 frères
Lors de la rencontre presse, Olivier Casas, le réalisateur est accompagné de Michel de Robert dont le film relate l’histoire vraie lorsqu’à 5 ans abandonné avec son frère de 7 ans, ils s’enfuirent tous les deux dans la forêt où ils vécurent 7 ans en autarcie en faisant preuve de capacités d’adaptation exceptionnelles et où ils créèrent un lien fusionnel indéfectible.
Jusqu’au bout du monde un film de Viggo Mortensen
C’est à l’Opéra d’Avignon qu’une presse conquise, sous le charme et fascinée put rencontrer Viggo Morgensen qui présentait en avant-première son film «Jusqu’au bout du monde». Un film magnifique qui est à la fois un film romanesque, un western et un drame.
Version imprimable 