Le synopsis est le suivant : Le romancier Stéphane Belcourt incarné par Guillaume de Tonquédec a accepté de parrainer le bicentenaire d'une célèbre marque de cognac. C’est l’occasion pour lui de revenir pour la première fois dans la ville où il a grandi. Sur place, il rencontre Lucas, le fils de son premier amour. Les souvenirs affluent : le désir irrépressible, les corps qui s’unissent, une passion qu’il faut taire... Ce premier amour s'appelait Thomas. Ils avaient 17 ans.
Catherine Merveilleux : Qu’est ce qui vous a donné envie d’adapter le best seller de Philippe Besson au cinéma ?
Olivier Peyon : L’éditeur m’avait proposé d’adapté le roman de Philippe Besson en 2016 avant sa parution, je ne l’avais pas encore lu. J’ai cru qu’il s’agissait de l’histoire d’un amour adolescent et je ne voyais pas comment renouveler le genre, tant de films ayant été réalisés sur le sujet. En lisant le roman, j’ai trouvé cette histoire d’amour magnifique, tragique et bouleversante. Une phrase de Lucas, le fils de Thomas m’a beaucoup touché et m’a définitivement convaincu :« Vous auriez dû voir son regard. C’est à cet instant précis que j’ai eu la certitude que ça avait existé : mon père amoureux d’un garçon. »
C.M. : N’est-ce pas une lourde responsabilité que d’adapter un livre et de surcroît un livre autobiographique au cinéma ?
O.P. : Il n’est pas facile d’adapter un roman au cinéma. Les codes littéraires et cinématographiques ne sont pas les mêmes. Philippe Besson m’avait donné carte blanche : « Les plus grandes trahisons font les meilleures adaptations », m’avait-il dit, confiant. Une phrase tirée d’un roman peut nécessiter plusieurs scènes pour être retranscrite et, inversement, un regard sera plus parlant que deux pages de description. Philippe n’a fait preuve d’aucun interventionnisme et a compris que mes trahisons d’écriture n’avaient pour objectif que de préserver l’esprit de son roman. C’était cependant un défi car c’est un récit autobiographique très introspectif et très intime. Pour mieux comprendre Philippe, j’ai lu tous ses livres et je l’ai rencontré à plusieurs reprises. C’est lors de l’un de nos rendez-vous qu’il m’a raconté l’anecdote amusante du verre de Pastis aux Etats-unis qui ne figure pas dans le roman et pour laquelle j’ai extrapolé la fin. Il a vu le film et en est très fier.
C.M. : Est-ce vous qui avez choisi les acteurs Guillaume de Tonquédec et Victor Belmondo ?
O.P. : Guillaume de Tonquédec ressemble un peu à Philippe Besson. Nous avons accentué la ressemblance avec la coiffure et les costumes. Pour moi, le choix de Guillaume de Tonquédec était une évidence. Pour le rôle de Lucas, cela s’est avéré plus compliqué. Je cherchais quelqu’un de solaire. Personne ne me convenait jusqu’à ce que ma directrice de casting m’envoie une photo de Victor Belmondo et là encore, comme avec Guillaume, ce fut une évidence. Il était Lucas.
C.M. : comment avez-vous trouvé Jérémy Gillet et Julien de Saint-Jean ?
O.P. : Ce n’est qu’à l’issue d’un très long casting que nous les avons trouvés. C’est difficile d’incarner des personnages d’homosexuels lorsque l’on est un jeune comédien, même si l’on est soi-même homosexuel car on risque d’être catalogué et cantonné à vie dans ce type de personnage. Jérémy et Julien sont deux jeunes comédiens. Séparément, ils étaient excellents, mais il fallait avant tout que l’alchimie entre eux soit évidente, qu’elle fonctionne et que leur couple soit crédible et ce fut tout de suite le cas.
C.M. : Les scènes de sexe sont parfois crues. La première scène de sexe a-t-elle été tournée en début de tournage?
O.P. : Celles du roman le sont et je ne voulais pas les édulcorer. La première scène de sexe a été la première scène que Jérémy et Julien ont eu à tourner et paradoxalement alors qu’elle est dépourvue de toute tendresse et assez rude, ils ont eu moins de difficultés à l’aborder que les scènes de tendresse ultérieures.
C.M. : Marilou, la grand-mère de Victor Belmondo dans le film n’est pas une comédienne professionnelle. Comment l’avez-vous découverte ?
O.P. : C’est lors des repérages en cherchant une ferme de viticulteur car le film se passe dans le milieu du cognac que j’ai rencontré Marilou Galais. J’ai alors eu l’idée de lui demander si elle acceptait d’être la grand-mère de Victor Belmondo. Elle était folle de joie car son acteur préféré s’avérait être Jean-Paul Belmondo. Elle avaitrêvé d’être comédienne dans sa jeunesse et pour elle c’était un rêve qui se réalisait, une véritable revanche. La scène entre Victor et Marilou dans la ferme est improvisée et c’est un grand moment du film. Elle est très émouvante.
C.M. : Le film montre combien il est difficile d’assumer son homosexualité dans certains milieux, notamment dans une petite ville en Province …
O.P. : C’est le cas. Mais assumer son homosexualité et faire son coming out est parfois tout aussi difficile dans des milieux intellectuels qui se considèrent ouverts et tolérants. Les parents sont très compréhensifs lorsqu’il s’agit des enfants des autres mais lorsqu’il s’agit de leurs propres enfants, leur curseur n’est plus le même …
C.M. : Quels sont vos projets ?
O.P. : En 2021, j’ai écrit une BD sur l’euthanasie et le suicide assisté intitulée En toute conscience inspirée par des faits réels qui m’ont été racontés par les membres d’une association qui milite et qui est engagée pour le suicide assisté. Mon prochain film s’inspirera de l’un des personnage de cette BD, qui à la suite d’un chagrin d’amour veut bénéficier d’un suicide assisté. L’association à laquelle il fera appel fera tout pour le dissuader et lui redonner goût à la vie.
Un film sensible et émouvant qui nous parle de la difficulté d’assumer sa sexualité, les désirs irrépressibles et la passion qu’il faut taire face au jugement des autres. Un très beau film.
Arrête avec tes mensonges
un film d’Olivier Peyon
Casting : Guillaume de Tonquédec, Victor Belmondo, Guilaine Londez, Marilou Gallais, Pierre-Alain Chapuis, Jérémy Gillet, Julien de Saint-Jean
Sortie nationale le 22 février
Catherine Merveilleux
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