Synopsis : Paris 1894. Qui est Fanni qui prétend s’être laissée enfermer volontairement à l’Hôpital de la Salpêtrière ? Cherchant sa mère parmi la multitude des femmes convaincues de « folie », Fanni découvre une réalité de l’asile toute autre que ce qu’elle imaginait ainsi que l’amitié inattendue de compagnes d’infortune.
Catherine Merveilleux : Qu’est ce qui vous a donné envie de raconter cette histoire et de traiter ce sujet ? Est-ce-que le roman Le Bal des folles de Victoria Mas
a inspiré le scénario de votre film ?
Arnaud des Pallières : Après mon film Orpheline, j’avais envie de faire un film à la fois historique et sur le combat des femmes. Mon producteur m’a suggéré après être tombé sur un article dans Wikipédia d’écrire une histoire sur le Bal des Folles. J’ai alors fait des recherches approfondies sur le sujet et travaillé au scénario. Ce n’est qu’après que l’on nous a proposé les Droits du roman Le bal de folles de Victoria Mas. Adaptation que nous avons refusée.
Catherine Merveilleux : La sortie du film éponyme adapté du roman en 2021 a-t-il modifié votre volonté ou votre manière de faire ce film ?
Arnaud des Pallières : Non, pas du tout. Le film adapté du roman relate le Bal des folles. Mon propos était de traiter de la
condition des femmes incarcérées, captives contre leur gré souvent de façon arbitraire car à l’époque quand une femme se révoltait, par exemple lorsqu’une femme voulait voyager et que son mari
refusait, si elle persistait, il pouvait la faire interner. Les femmes internées n’étaient pas forcément folles. Elles n’avaient pas de pathologies psychiatriques.
Le cœur de mon film se situe avant le Bal des folles de la Salpétrière, je dépeins la population de la Salpêtrière, les hystériques de Charcot,qui étaient jeunes et jolies et la vitrine de l’hôpital
et les pauvres, les vieilles , les inadaptées, les alcooliques, les rebelles, les récalcitrantes. Beaucoup étaient internées de force à la demande de leur famille comme Hersilie Rouy magistralement
interprétée dans le film par Carole Bouquet. Hersilie Rouy, qui a réellement existé, a d’ailleurs écrit ses mémoires qui ont été pour moi une source d’inspiration et un document précieux. Elle-même
avait été incarcérée à la demande de son demi-frère pour une sordide histoire d’héritage et n’a été libérée qu’au bout de 15 ans de captivité à la suite desquels à sa sortie, elle se retrouva,
dévastée, détruite et il faut bien le dire quasiment folle.
Dans mon film on découvre la Salpêtière à travers le regard de Fanni souvent enfermées parce qu’elles étaient des rebelles ou parce qu’elles n’obéissaient pas à leur mari à une époque très misogyne
et très machiste où les femmes n’avaient aucun droit. Beaucoup des personnages du film ont réellement existé notamment Bobotte incarnée par Josiane Balasko ou le personnage incarné par Marina Fois
par exemple.
Catherine Merveilleux : Selon vous, quelle est la frontière entre la normalité et la folie ?
Arnaud des Pallières : Elle est bien ténue et votre question me fait penser à la nouvelle d’Edgar Poe intitulée « Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume » où dans un asile d’aliénés, les fous ont pris la place des médecins et les médecins la place des fous. Au début de l’histoire, l’héroïne principale incarnée par Mélanie Thierry déclare qu’elle n’est pas malade et qu’elle a été internée de son plein gré et il lui est répondu que c’est ce que tous les malades psychiatriques déclarent. C’est d’ailleurs, le même phénomène qu’en prison où tous prisonniers proclament leur innocence.
Catherine Merveilleux : A votre avis, qu’est ce qui donnait aux Bourgeois l’envie d’assister au Bal des Folles ? Le côté spectaculaire et carnavalesque ? Le plaisir de se moquer ? Le désir de s’encanailler ?
Arnaud des Pallières : A cette époque, lors de l’exposition universelle, les Français se délectaient de découvrir des Pygmées, des Malgaches, des femmes monstrueusement grosses, des femmes à barbe, tout un zoo humain. A la Salpêtière, les personnes qui assistaient au Bal des folles appartenaient à l’élite, à l’intelligentsia, à la Bourgeoisie qui venaient au bal des folles pour s’encanailler, pour éprouver le grand frisson. C’était un truc branché, exotique réservé à une élite.
Catherine Des Pallières : Fanni est en quelque sorte une infiltrée …
Arnaud des Pallières : Oui et le fait qu’elle soit une infiltrée permet de révéler et de rendre transparente la vie interne de ce monde occulte et arbitraire.
Catherine Merveilleux : C’est un film choral avec un casting de qualité, à savoir Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Carole Bouquet, Marina Fois, Yolande Moreau, Emilie Froh. Les actrices ont-elles accepté de suite ? Comment s’est passé le tournage avec Mélanie Thierry que vous avez filmée sans filtre, sans maquillage ?
Arnaud des Pallières : Ce sont des rôles forts et des personnages qui ont comme je l'ai dit réellement existé. Elles ont tout de suite adhéré au projet. Mélanie Thierry a une cinégénie exceptionnelle, elle accroche la lumière. Le fait d’être naturelle, non maquillée ne la rend que plus authentique, que plus belle. Elle a beaucoup travaillé pour ce rôle. Elle a pris des cours de chants, des cours de danse. Elle s’est beaucoup investie. Elle crève l’écran.
Catherine Merveilleux : Est-il difficile de faire un film d’époque ? Quel a été le temps de tournage temps de tournage ?
Arnaud Des Pllières : C’est contraignant mais c’est terriblement excitant. Cependant, il faut être conscient que tout film historique même avec un très haut niveau d’exigence ne se construit qu’à l’aune de la subjectivité de notre époque. grâce au travail des historiens, en l’occurence pour mon film grâce au travail d’une historienne comme Michèle Perrot qui a exhumé l’histoire de femmes de cette époque à la lumière du néo féminisme.
Genre : Fiction historique
Un film de : Arnaud des Pallières
Scénario : Christelle Berthevas, Arnaud des Pallières
Casting : Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Carole Bouquet, Marina Fois, Yolande Moreau, Emilie Froh
Sortie : le 24 janvier 2024
Catherine Merveilleux
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