C’est un Benoît Poelvoorde facétieux, très en verve et plein d’anecdotes succulentes qui a accueilli les journalistes à l’hôtel Lutétia. Accompagné du réalisateur Pierre Godeau, intarissable, il a expliqué ce qui lui avait donné envie d’accepter d’interpréter ce rôle. En l’occurrence, sa passion de toujours pour les Bandes dessinées de Sempé dont il est fan, le sujet du film en lui-même et enfin le fait de jouer avec Edouard Baer avec qui il s’entend remarquablement bien et avec qui il s’est beaucoup amusé.
Au début, pour le héros, Raoul Taburin, il ne s’agit que d’une incapacité à faire du vélo, à rester en équilibre sur une selle, mais petit à petit cela devient pour lui un terrible complexe
vécu comme une malédiction. Cela le culpabilise d’autant plus que son père est facteur et rêve que son fils unique marche sur ses traces et devienne facteur à vélo comme lui. Raoul éprouve de la
honte de ne pas répondre aux espoirs que son père place en lui. Il vit très mal le fait de devenir un imposteur et de vivre dans le mensonge. Assailli par les remords, il ne sait comment se sortir de
cet imbroglio car à la suite d’un malentendu, il est considéré comme un champion de vélo hors-normes capable de prouesses inédites. Cette usurpation à l’insu de son plein gré lui pèse. Il n’a rien
fait pour, mais il n’a rien fait pour démentir la légende qui l’auréole de prestige.
«Le film n’est pas un film à suspens. Dès le début du film, le spectateur sait quel est le secret de Raoul Taburin. Il ne s’agit pas de découvrir son secret, mais de savoir comment il parviendra à
être lui-même au milieu des autres, malgré le fardeau que constitue son lourd secret. Doit-il dire la vérité, ce qui provoque toujours une tragédie ? Ou doit-il à tout jamais cacher son terrible
secret ?» comme le déclare Pierre Godeau.
Le film a été tourné dans la Drôme à Venturol, un délicieux village dans la Drôme près de Nyons dont Benoît Poelvoorde a adoré l’ambiance : «Tous les soirs, j’allais prendre l’apéro chez un voisin
différent. Chez l’un je buvais une bière, chez l’autre un petit vin du pays, chez l’autre un cocktail. C’était très sympa…»
Le héros ne sait pas faire de vélo, mais le sentiment d’imposture, d’usurpation et le mal être et les remords et la honte qui en découlent peuvent s’appliquer à d’autres situations ont reconnu le
réalisateur et Benoît Poelvoorde. «C’est notamment le cas de personnes illettrées qui le cachent à leur entourage toute leur vie ou le cas de Roman, cet homme, qui honteux d’avoir échoué à ses
examens pour devenir médecin, l’a caché pendant des années à sa famille et à son entourage. Imposture qui s’est tragiquement terminée dans le sang. C’est aussi un beau film sur l’amitié et c’est son
amitié pour Figoune incarné par Edouard Baer qui permet au héros de se libérer de son secret, de s’assumer tel qu’il est. car en se confiant à lui, il comprend qu’en fait chacun a ses
insuffisances, ses mensonges et ses secrets.» comme l’a déclaré Benoît Poelvoorde.
Une excellente comédie qui suscite au delà des rires une réflexion intéressante et humaniste. Un bel hommage à Sempé qui s’est en personne rendu sur les lieux du tournage.
C’est le troisième film de Pierre Godeau, fils de Philippe Godeau, après Eperdument et Juliette
Avec Benoît Poelvoorde, Edouard Baer, Suzanne Clément et Vincent Desagnat
genre : comédie
Sortie le 17 avril 2019
Catherine Merveilleux
#pathe, #raoultaburinlefilm, #sempe, #catherinemerveilleux, #comedie, #BD, #lejouretlanuitpresse, #marseille
|