Après le film La Môme sur Edith Piaf et Grace sur Grace Kelly, Oliver Dahan persiste et signe dans l’excellence. Le film, Simone, le voyage du siècle est dédicacé à son père, fervent militant antiraciste, «échappé» des rafles allemandes. Olivier Dahan confie avoir à peu près tout lu sur Simone Veil, mais s’être laissé porter par son intuition et sa subjectivité. Le réalisateur montre avec subtilité le mélange de force et de fragilité de cette femme sortie des camps à 17 ans et qui est un bel exemple de résilience. Il met aussi en exergue l’aversion profonde pour l’injustice qu’elle avait hérité de sa mère magistralement incarnée par Elodie Bouchez avec qui Olivier Dahan avait déjà tourné Le Petit Poucet, il y a quelques années.
La construction du film est celle d’une mosaïque et le montage qu’Olivier Dahan avoue avoir réalisé seul, pendant le confinement est exceptionnel. C’est une déflagration d’émotions successives.
A propos des camps d’extermination, Olivier Dahan confie s’être longuement interrogé sur le fait de les montrer ou pas. « Je me suis posé beaucoup de questions quant à la représentation des camps d’extermination dans le film. J’ai coupé des scènes dans le scénario. Qu’est-ce que je pouvais montrer alors que tout a été dit et montré ? Par ailleurs, en réfléchissant, je me suis dit que ce n’est pas parce que les camps de la mort ont été vus et montrés que les jeunes générations les ont vus. Il n’est pas évident que les plus jeunes aient vu “La Liste de Schindler“, “Shoah“, “Le Pianiste“, ou même “Le Fils de Saul“. Ce film est un film sur la transmission et la Warner a d’ailleurs fait un kit pédagogique à destination des professeurs des collèges et des lycées.
Le réalisateur précise qu’il voulait aussi montrer la force du couple formé par Simone et son mari Antoine Veil, qui, à deux, développent une synergie qui décuplent leurs forces».
Deux actrices incarnent Simone Veil à des âges différents et la transition se fait très naturellement. Ce sont: Rebecca Marder de la comédie française et Elsa Zylberstein, qui sont toutes les deux remarquables.
Elsa Zylberstein confie : « J’ai eu la chance de rencontrer Simone Veil plusieurs fois. Depuis dix ans, j’avais envie de tourner un film sur sa vie et je pensais déjà à Olivier Dahan. Lorsque je lui en ai parlé, il a immédiatement accepté. Il a écrit le scénario et quand je l’ai lu, j’ai été impressionnée et bouleversée. Incarner une femme comme Simone Veil est une chance incommensurable. C’est une femme inspirante, une femme résiliente, qui a su se reconstruire, qui a eu la force d se relever et de faire de la politique pour que les atrocités qu’elle a vécues ne se reproduisent pas. Elle a farouchement lutté, en tant que féministe, pour que les Femmes aient le droit à l’avortement, alors que ce droit semble de nos jours, remis en question aux Etats-Unis. Ce qui prouve que rien n’est jamais acquis. Son parcours est un exemple pour les jeunes générations.»
L’actrice explique aussi la préparation qui a été la sienne : J’ai pris 9 kilos pour le rôle. J’ai bien sûr eu recours au maquillage. J’ai regardé beaucoup d’images d’archives. J’ai appris à parler le « Simone Veil », comme on apprend une langue auprès de spécialistes. Pendant 5, 6 mois, j’ai écouté sa voix, deux heures par jour. J’ai passé des jours, des semaines, à m’exercer à parler comme elle, avec ce phrasé si particulier, cette manière d’appuyer les mots, d’accélérer soudain, de laisser les phrases en suspens. Ce film a changé ma vie dans ses fondations. C’est une expérience inoubliable. Souvent, je repense à elle, à ses combats. C’est un film qui peut contribuer à éveiller les consciences.»
Un grand film à voir absolument et à montrer aux jeunes générations.
Casting : Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Elodie Bouchez, Judith Chema, Olivier Gourmet. Avec la participation de Sylvie Testud et de Philippe Torreton.
Sortie en salle le 12 octobre
Catherine Merveilleux
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