Il y a 150 ans, Napoléon III faisait le pari fou de relier le Vieux-Port au Port de la Joliette, alors en plein essor et créait une immense avenue d’1,2 km avec des immeubles hausmanniens en
pierre de taille, au faste alors inconnu dans la Cité Phocéenne. La rue de la République était née. Depuis un an, l’association des commerçants de la rue de la république avait décidé de célébrer,
comme il se doit et en fanfare, les 150 ans de la rue de la République. Elle avait organisé une semaine de festivités musicales, ludiques, artistiques, culturelles et populaires dont le point d’orgue
devait avoir lieu le samedi 20 septembre.
Le samedi 20 septembre, une grande parade avec à sa tête un couple, représentant Napoléon III et l’impératrice Eugénie, installé dans une calèche et suivi de couples en costumes d’époque et du 2°
Régiment des chasseurs à pied de la Garde venu spécialement d’Ajaccio avait donc commencé à défiler lorsqu’une horde de manifestants envahit la Place Sadi Carnot, empêcha le bon déroulé des
festivités, arracha les micros prévus pour les allocutions.
Gilbert Bourguignon, le journaliste qui devait assurer l’animation de cette semaine de liesse populaire fut violemment pris à parti lorsqu’il mit en garde les manifestants, sur le fait que la scène
risquait de s’écrouler sous le poids des personnes qui l’avaient envahie car celle-ci ne pouvait supporter que le poids de 10 personnes. Une commerçante de la rue de la République se fit violemment
insulter et traiter de qualificatifs peu flatteurs qu’elle ne méritait certainement pas. Une année de préparatifs des commerçants qui avaient pour unique objectif de dynamiser la rue de la République
et d’accompagner la « révolution » urbaine qui voit le centre ville s’étendre vers le nord et fait de ce secteur en pleine mutation, le cœur du nouveau Marseille fut annihilée en quelques minutes.
Les actions des manifestants avaient pour unique objectif de développer l’attractivité du périmètre en donnant envie de vivre, de travailler et de faire ses courses rue de la République. Furieux, les
manifestants demandaient la démission de Danièle Casanova, adjointe à l’Education que J.-C.Gaudin ne pourra plus, vraisemblablement, longtemps garder, tant son incompétence à gérer le personnel
municipal et tant son manque de poigne en font un objet de cristallisation du mécontentement de la population contre la municipalité Gaudin.
La manifestation avait pour revendication le retard de la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, réforme, rappelons le, que Jean-Claude Gaudin avait voulu éviter pour ne pas grever d’impôts
les citoyens résidant dans la Cité Phocéenne. Par impossibilité financière d’abord, puis par conviction car il avait proposé au gouvernement un moratoire où il proposait d’offrir aux petits
Marseillais, qui en ont souvent besoin, des cours de soutien dispensés par les enseignants volontaires. Le gouvernement ayant refusé in extremis ce moratoire, la mise en place du Périscolaire à
Marseille connut un retard dans la mise en place car le Recrutement de 3 500 animateurs professionnels, titulaires du Baffa et ayant une expérience des enfants s’avéra plus problématique et plus
ardue que prévu.
Les parents d’élèves survoltés et pleins d’agressivité et de rancœur auraient mieux fait de laisser leurs enfants assister et participer à cette manifestation historique et culturelle qui était une
activité périscolaire de premier choix plutôt que d’apprendre à leur progéniture à vandaliser les édifices publics comme la Mairie de Marseille, il y a deux semaines. Ce qui est une incitation
caractérisée à l’incivisme. L’Histoire, en cette journée du 20 septembre rencontrait le présent, un présent qui est hostile à la transmission de l’Histoire, de ses leçons et de ses valeurs. C’est
indéniable et riche de sens.
Catherine Merveilleux
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