Après une hécatombe tragique due à la pandémie, les survivants qui auront perdu leurs proches sans avoir pu les entourer de leur affection dans leurs derniers instants et sans pouvoir les enterrer dignement seront longtemps hantés par un sentiment de culpabilité. Le traumatisme sera lourd et la résilience difficile. D’autres se retrouveront exsangues financièrement et incapables de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Dans certaines familles, le confinement aura permis de resserrer des liens, de mieux se connaître, de mieux s’apprécier. Les personnes équilibrées reviendront aux valeurs essentielles et apprécieront les simples bonheurs de la vie. Les personnes les plus fragiles psychologiquement craqueront à cause de l’ambiance anxiogène et sombreront corps et âme dans la dépression ou la psychose. Certains couples imploseront et divorceront. Certains enfants apprécieront ces moments inespérés de complicité avec leurs parents, d’autres par contre subiront des sévices physiques, psychologiques dont ils auront du mal à se remettre.
Ce qui est sûr, par contre, c’est que ce terrible séisme permettra une mutation en profondeur de notre société, qui depuis des lustres pousse à son paroxysme la
globalisation et le libéralisme. Les états reviendront très probablement, du moins souhaitons le, à un protectionisme salutaire qui leur permettra de vivre sinon en autarcie du moins en
autosuffisance en matière de santé (médicaments, masques, infrastructures hospitalières), en matières de ressources énergétiques et alimentaires. Ce protectionisme permettra de revenir en arrière sur
les errances du passé et de supprimer, au fil du temps, car les effets ne sauraient être immédiats, les délocalisations, qui depuis des années causent chômage, assistanat, état providence victime
d’une dette abyssale et dépendance à des puissances étrangères. Il est probable que les frontières se refermeront et que l’Europe implosera. Nous assisterons, peut-être, à une Euro-exit comme le
déclare Fabio Rampelli, vice président de la chambre des députés italienne car certains états auront mal digéré que la France réquisitionne leurs masques et que la plupart des états membres aient
montré pendant la pandémie plus d’égoïsme que de solidarité.
Les icônes de notre société ne devront plus être les footballeurs, les stars des télé-réalités, les instagrameuses, mais les médecins et les infirmiers, les instituteurs, véritables hussards de la
république et les travailleurs anonymes et oubliés qui œuvrent chaque jour pour que les rouages de notre société nous permettent tout simplement de vivre.
La terrible tragédie que nous sommes en train de vivre nous permettra peut-être de comprendre les limites d’une économie déshumanisée et globalisée dédiée à la quête du profit à tout prix au
détriment de la Planète et de son équilibre. Cette crise sanitaire sans précédents nous permettra, peut-être, de prendre conscience des vraies urgences, des vraies priorités et des vraies
valeurs.
De quelle société voulons-nous pour nos enfants ?
Il est temps d’y réfléchir dès aujourd’hui et de ne pas faire perdurer les erreurs du passé.
Catherine Merveilleux
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