Car «Les événements», furent pour de nombreuses familles de véritables tragédies au cours desquelles, ils perdirent outre leurs racines, leur maison, leurs amis, leurs
commerces, des êtres chers tués, lors d’attentats terroristes aveugles et sanglants. L’alternative, lors de cette période troublée était selon une phrase désormais célèbre : «La valise ou le
cercueil.» car attentats, bombes, spoliations et fusillades poussèrent à l’exode de nombreuses familles, qui pour la plupart vivaient depuis très longtemps dans les pays arabes, parfois même avant
les musulmans comme l’écrivent Josette Guigui et Jean-Pierre Bensimon dans l’introduction de ce recueil passionnant, qui remet les choses en place, en précisant que certains des Pieds noirs n’étaient
en aucun cas des colons. Il est paradoxal que cet exil s’accompagne d’une nostalgie indéfectible pour leur vie d’antan pour la plupart de ces rapatriés, qui ont tout quitté, qui ont été spoliés de la
plupart de leurs biens et qui sont partis dans des conditions extrêmement douloureuses, dramatiques et traumatisantes. Aldo Naouri dans la préface du recueil s’interroge à ce propos et constate: «Les
migrants, ayant dépensé leur dernier pécule avant de s’amasser au péril de leur vie sur des embarcations de fortune ne cultivent pas la moindre nostalgie de leurs lieux d’origine. Quelle que soit
l’angoisse qui les tiraille, elle est contrebalancée par un sentiment de soulagement quand elle n’est pas habitée par l’espoir. La raison en est qu’ils fuient des conditions de vie devenues
insupportables.» Or, force est de constater que malgré toutes les tragédies, toutes les douleurs, tous les textes du recueil sont empreints d’une nostalgie authentique et présentent le pays dont les
auteurs des témoignages ont été arrachés douloureusement comme un paradis perdu, un jardin d’Eden, une parenthèse enchantée dont toutes ces familles pour la plupart bien intégrées en France se
souviennent avec émotion.
Ce livre écrit avec le cœur est en effet empreint d’une émotion et d’une nostalgie palpables à chaque page, à travers les parfums, les embruns marins, les paysages, les plats typiques, les traditions
et les souvenirs de fêtes familiales chaleureuses et inoubliables. Ces expatriés contre leur gré conservent malgré tout un sentiment d’identité indéfectible du pays dont ils ont été rejetés et tous
ces témoignages en sont la preuve inaliénable. Ils sont écrits dans un esprit de transmission à destination de leurs enfants, de leurs petits-enfants mais aussi de personnes qui pourraient avoir des
préjugés négatifs sur ceux que l’on nomma les Pieds noirs et qui furent considérés par beaucoup comme des colons. Au delà des histoires personnelles, ce livre a une portée universelle. Il nous
interpelle sur la condition des personnes victimes d’exil, quelle que soit leur origine et la plupart de tous ces témoignages nous montre de beaux exemples de résilience.
Le livre a été réalisé grâce à la Wizo fondée en 1920. La Wizo est une association apolitique et areligieuse, qui regroupe plus de 250 000 femmes engagées dans 50 pays
du monde. Elle s’est donnée pour ambition de protéger la jeunesse, d’entourer l’éducation et de soutenir le statut des femmes. Le recueil de témoignages a été réalisé notamment grâce à l’implication
de la présidente de la Wizo France Diana-Paola Levy, de Josette Guigui, présidente régionale de la Wizo, de Dominique Leval et de Béatrice Cohen, vice-présidentes de Wizo France et bien sûr des 51
Wizéennes et de leurs amis qui ont eu le courage de témoigner pour remplir un des devoirs de la Wizo, à savoir, le travail de mémoire. Les bénéfices seront intégralement versés au profit de la crèche
de Beersheva.
Pour commander le livre :
https://wizo.fr/2021/12/22/memoires-dexil/
Catherine Merveilleux
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