« Françoise Nyssen ne m’a rien promis, mais sa visite me redonne confiance car je pense qu’elle a compris la mission culturelle et sociale de ce lieu qui se veut, depuis toujours, un rempart contre l’intolérance et la violence. André Malraux m’a permis de de mettre à flot ce magnifique bateau qu’est le Toursky. Jacques Lang m’a permis de le faire naviguer. J’espère que Françoise Nyssen sera le 3° Ministre qui permettra à ce navire qui vogue vers des horizons de fraternité, de solidarité et d’égalité de tous en matière de culture, de ne pas couler. »
Michel Dossetto, président du conseil d’administration de l’Association Compagnie Richard Martin, lors de son allocution en présence de Françoise Nyssen, a bien
exprimé le rôle pédagogique et social du Toursky..
« La Culture est la solution pour que les jeunes de nos cités aient un avenir différent et ne soient pas promis seulement au chômage. » Il a aussi insisté sur le fait que « le Toursky
est une école dont les professeurs principaux sont Molière, Rostand et Léo Ferré. « Ce théâtre permet aux anciens de découvrir de jeunes talents et au jeune public de découvrir les auteurs
anciens. » a-t-il ajouté.
La Ministre de la Culture a, quant elle, bien saisi l’idéal de Fraternité du Théâtre Toursky et exprimé sa forte détermination à faire de la culture des enfants sa priorité. Elle a d’ailleurs déclaré
qu’elle comptait travailler main dans la main avec le Ministre de l’Education Nationale.
Lors de notre entretien, Richard Martin a expliqué les raisons pour lesquelles le Toursky se trouvait en grand danger.
« Depuis des années, je me bats contre vents et marées pour défendre la Culture dans un quartier particulièrement déshérité de Marseille, qui avant la création de mon théâtre était un véritable
désert culturel. Or aujourd’hui, il est en péril. Le Toursky est un lieu que j’ai créé. Sa mission est culturelle. J’y ai produit les plus grands chorégraphes, les plus grands dramaturges, nos
acteurs contemporains les plus talentueux, mais ce lieu à nul autre pareil a aussi un rôle social. 36 employé y travaillent, plus ceux de la sécurité. Il est toujours plein et chaque
représentation se joue à guichets fermés. Or aujourd’hui, mon théâtre est en grande difficulté. Pourquoi ? A cause de l’Espace Léo Ferré, créé à l’occasion de l’Année Marseille, capitale européenne
de la Culture 2013. La Municipalité a repris le Café Musique et après avoir fait des travaux conséquents, je le reconnais, l’a labellisé sous l’appellation « Marseille 2013 ». Le problème,
et il est de taille, est que depuis la Municipalité n’a pas pérennisé les subventions nécessaires pour lui permettre de fonctionner. Jean-Claude Gaudin me l’avait promis, mais sa promesse n’a pas été
suivie d’effets. Je n’en veux pas à Jean-Claude Gaudin. Je pense que l’administration n’a pas suivi. Il me l’avait promis et m’avait donné publiquement l’assurance que les moyens accordés sous le
Label Marseille Capitale Européenne de la Culture 2013 seraient reconduits les années suivantes. Je n’ai pas d’écrit, mais pour moi, sa parole vaut un écrit car c’est quelqu’un en qui j’ai confiance.
Nous ne sommes pas de la même sensibilité politique, mais j’ai de la tendresse pour lui car il a toujours été respectueux de mon travail, au delà des clivages de politique politicienne.
Mon théâtre se retrouve donc à la suite de ce non renouvellement des moyens de fonctionnement, en grande difficulté et je n’ai pas pu, comme je l’ai annoncé, lors de la présentation de la
saison, établir de programmation pour la rentrée à venir.
Projeter une programmation entre octobre et décembre, comme c’est l’usage, aurait été suicidaire et aurait mis en péril la survie du Toursky car la salle Léo Ferré ne reçoit plus aucun subside pour
le faire fonctionner. L’Espace Léo Ferré m’a permis de sauver de jeunes compagnies comme Cartoon Sardines. Aujourd’hui, le Théâtre touche 1 million et 30 000 euros uniquement pour le Toursky et rien
pour l’ Espace Léo Ferré. Cette somme peut paraître importante, mais les frais de fonctionnement du théâtre ajoutés à ceux de l’Espace Léo Ferré sont conséquents, surtout dans un quartier où je dois
prendre en charge des frais de sécurité très importants. Ils se montent, en effet, à 170 000 euros par an.
Un bel élan de solidarité est en train de naître et des soirées de soutien auront lieu au Toursky à partir du 14 octobre et ce jusqu’au 19 décembre 2017. De grands artistes comme Marie-Claude
Pietragalla, Julien Derouault ou Christophe Alévêque ou Michel Bourdoncle s’y produiront sans toucher de cachet pour sauver le Toursky. »
En attendant, tous les amoureux de la Culture espèrent que les institutions, les collectivités territoriales et que l’Etat entendront l’appel au secours du Toursky. car son rôle culturel et social dans la Cité Phocéenne est un exemple.
Catherine Merveilleux
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