L’Aquarius, bateau affrété par Médecins du Monde et SOS Méditerranée était à Marseille pour une escale exceptionnelle de deux jours sur le J4 face au Mucem avant le début de leur mission
humanitaire au large des côtes de Libye. J’ai rencontré le capitaine Klaus Vogel, Président de SOS Méditerranée, l’équipe médicale et les bénévoles, avant leur départ imminent de leur opération de
sauvetage en mer. Etaient aussi présents, lors de la rencontre, le navigateur Gérard d’Aboville, le Capitaine Philippe Martinez, Sophie Beau co-Fondatrice de SOS Méditerranée et Françoise Sivignon,
Présidente de Médecins du Monde.
Amarré sur le J4 avant son départ au large de Lampedusa, le bateau affrété par SOS Méditerranée en partenariat avec Médecins du monde était en train de charger des kits de survie, médicaments et
denrées alimentaires pour l’expédition qui durera 3 semaines et qui coûtera 11 000 euros par jour. Sophie beau, co-fondatrice de SOS Méditerranée, association dont le siège est à Marseille est
partie du constat terrifiant qu’en 2015, plus d’un million de personnes sont arrivées en Europe par voie maritime et que dans le même temps 3.772 personnes ont péri en mer, la plupart en essayant
d’atteindre l’Italie, la mer Méditerranée constituant aujourd’hui la route la plus potentiellement dangereuse pour les migrants. Forte de ce constat, l’association SOS Méditerranée a donc affrété
l’Aquarius, un navire de 77 mètres qui restera en haute mer, derrière les eaux territoriales de la Libye, dans le périmètre où se produisent la plupart des naufrages. L’objectif est d’intervenir
auprès des embarcations en difficulté pour sauver la vie de ceux qui risquent de se noyer en mer. L’équipe de Médecins du monde prendra alors en charge les rescapés en fonction de leurs besoins et de
leur pathologies diverses selon leur état de gravité. Le bateau est équipé d’une clinique, de sanitaires, ainsi que d’un accès à l’eau potable. Il peut accueillir 250 personnes, jusqu’à 500 en cas de
situation de crise et d’état d’urgence. Selon, Françoise Sivignon la directrice de Médecins du monde, c’est notre devoir de citoyens de sauver ces vies en perdition, comme ce fut le cas des Boats
People pendant la guerre du Vietnam lors de l’opération, « Île de lumière ». L’Italie a mis fin en 2014 à l’opération Mare Nostrum à cause des pressions européennes, il faut donc combler ce
manque. Si les politiques n’agissent pas, c’est à nous d’intervenir car ne pas agir serait de la non-assistance à personne en danger. Les membres de la société civile sont sensibilisés au problème et
l’opération est entièrement financée par des dons de particuliers. Les dons ont permis de programmer 3 mois en mer. Pour pouvoir faire perdurer l’opération, SOS Méditerranée fait appel à la
générosité des citoyens qui ne peuvent rester insensibles à tant de détresse.
Le sauvetage en mer n’est pas une sinécure. C’est un sacré challenge et cela peut être parfois très violent comme en témoigne le Capitaine Philippe Martinez, qui en vieux loup de mer a déjà
pratiqué des transbordements d’urgence: «Parfois, j’ai assisté des situations paroxystiques de panique et de chaos. Les naufragés terrorisés se montaient sur la tête les uns des autres et nous avons
dû les neutraliser à la lance à incendie pour les calmer.»
La problématique philosophiquement, éthiquement et politiquement n’est pas simple à gérer car on ne peut que se demander ce qu’il adviendra de tous ces migrants poussés vers nos rivages par le
rêve d’un monde parfait, idyllique et qui se retrouvent dans la Jungle de Calais ou bloqués à Lampedusa. Les équipes humanitaires embarquées à bord de l’Aquarius ne se posent pas cette question.Ils
retroussent leurs manches, Ils sauvent des vies humaines parce qu’ils considèrent que c’est leur devoir de citoyens et d’être humains, qu’il y a urgence et que rien n’est plus précieux qu’une vie
humaine.
Catherine Merveilleux
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