A Marseille, le Front National, qui est arrivé au premier tour en tête dans 7 cantons, sera présent au second tour dans les 12 cantons.
Lentement, mais sûrement, le vote Front National s’est finalement imposé comme récipiendaire de l’exaspération de nos citoyens face au manque de courage et aux dysfonctionnements de la gouvernance
politique depuis plus de 50 ans (de la gauche comme de la droite).
Nos gouvernants locaux (et nationaux) n’ont toujours pas réglé les problèmes d’emploi, de sécurité, n’ont jamais réussi à chasser les trafiquants de drogue et semblent également impuissants pour
lutter contre le clientélisme et le communautarisme qui gangrènent notre ville.
Pire, après avoir subi une gouvernance partagée incompréhensible et injustifiée à la Communauté urbaine de Marseille de 2008 à 2014, les Marseillais ont assisté médusés à de petits arrangements et
trahisons entre amis lors des dernières élections municipales, ce qui a discrédité durablement un certain nombre d’acteurs politiques.
Nos concitoyens, qui ont bien compris que la politique marseillaise devait s’analyser comme un billard à plusieurs bandes, ont perdu durablement toute confiance dans la classe politique marseillaise,
dont les partis dits « républicains » sont devenus, consciemment ou pas, les meilleurs agents de promotion du FN, dont les candidats - inconnus pour la plupart - ne font même pas campagne et
obtiennent pourtant des résultats positifs.
Aujourd’hui nos concitoyens réfugiés dans l’isoloir n’ont qu’une envie, celle de renverser la table et votent en conséquence "anti-système", quelle que soit la nature des candidatures.
Comment expliquer autrement que par un rejet systématique du "système" que des candidats ayant une formidable énergie et un véritable talent tel que le binôme Bernasconi-Moraine dans le 12ème canton
plafonnent au premier tour à 37 % alors que chacun de ces quadras est à la tête d’une mairie de secteur et aurait dû remporter dès le premier tour cette élection sur un secteur acquis ?
Désormais, nous n’avons qu’une seule alternative : être fermes sur nos valeurs et repartir à la conquête de la confiance perdue de nos concitoyens.
Un parti politique républicain du XXIème Siècle doit se comporter de façon exemplaire dans le respect des règles de démocratie et de ses statuts.
Les instances ont l’obligation morale de consulter les militants et de respecter leurs votes, et ne peuvent pas comme c’est trop souvent le cas se comporter en propriétaire d'un fonds de commerce en
s'autoproclamant l'incarnation des décisions, ce qui relève de l’autoritarisme.
On ne peut pas représenter la démocratie si on n’en respecte aucune règle, pas même celle de la transparence.
Pour cela, nous devons sans plus attendre ré-oxygéner la vie politique marseillaise de la manière suivante :
1) Imposer un non cumul des mandats locaux : dans la deuxième ville de France, on ne peut sérieusement cumuler des fonctions aussi importantes que conseiller municipal, conseiller communautaire,
conseiller départemental ou conseiller régional, qui représentent un travail important si l’on s’y consacre pleinement… il faut choisir ! C’est justement le rôle des partis de coordonner le travail
des élus dans chacune des institutions, pas seulement de présenter des candidats à des élections.
2) Non cumul du même mandat dans le temps : un président de la République ne peut se succéder à lui-même qu’une fois, comment peut-on encore accepter qu’un élu local soit élu pendant près de 50 ans
au sein de la même institution ? Ce qui est valable pour la fonction suprême de nos institutions doit l’être également au niveau territorial !
3) Exiger des candidats de nos formations politiques qu’ils aient un véritable métier et ne dépendent pas de la politique pour vivre, ce qui est désormais une exigence morale très attendue de nos
concitoyens.
C’est à ces trois conditions, cumulatives et de bon sens, que l’on améliorera la qualité de notre gouvernance en diversifiant les profils des candidats qui ne feront plus partie d’un même milieu
devenu stérile en projets et en ambitions et apporteront non seulement un regard neuf mais surtout une véritable valeur ajoutée.
Julien AYOUN
Avocat au Barreau de Marseille
Secrétaire national Justice du Parti Radical
Membre du Bureau politique de l'UDI
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